45 engagements, 3 réalisations – Bilan de la 1ère année de Rose Christiane Ossouka Raponda à la Primature
Le 16 juillet 2020, Rose Christiane Ossouka Raponda était nommée au poste de Premier ministre de la République gabonaise. Le 4 septembre 2021, conformément aux dispositions de l’article 28a de la Constitution[1], elle présentait devant l’Assemblée nationale son programme de politique générale et obtint la confiance des députés à 90,51%[2]. Pour obtenir ce vote de confiance, le nouveau Premier ministre avait décliné 45 promesses réparties dans 15 secteurs qu’elle s’engageait à réaliser, avec son Gouvernement, durant son magistère.
Un an après sa prise de fonction, quel bilan peut-on en tirer ?
Depuis l’accession du Gabon à l’indépendance en 1960, jamais des citoyens, en dehors du cadre des partis politiques, n’avaient pris l’initiative de produire par eux-mêmes un bilan exhaustif de la réalisation des engagements d’un Premier ministre contenus dans son programme de politique générale. Ce premier exercice, essentiel pour permettre aux Gabonais d’avoir une meilleure lisibilité de l’action publique, a conclu à un bilan plutôt mitigé du Gouvernement au regard des promesses solennelles de son Chef, le Premier ministre.
En effet, après 365 jours passés à la Primature, seulement 3 promesses (7%) faites à la nation par Rose Christiane Ossouka Raponda ont été intégralement réalisées, 17 promesses (38%) peuvent être considérées comme en cours de réalisation et 25 promesses (55%) ne sont pas réalisées ou sont considérées comme telles.
S’il peut être mis à l’actif du Gouvernement le maintien d’une surveillance active de la pandémie du covid-19 depuis mars 2020, la livraison de l’usine d’eau potable CimGabon2 à Ntoum et l’inauguration d’un centre de formation professionnel multisectoriel à Nkok en 2021, pas moins de 6 secteurs regroupant 8 promesses du Premier ministre ont un bilan quasiment nul. Il s’agit des secteurs Recherche scientifique (redéploiement du CENAREST, du CIRMF et du CERMEL), Habitat et Logement (facilitation de l’accès des populations aux terrains viabilisés et au logement), Tourisme (identification d’opérateurs en vue de nouer des partenariats pour développer l’écotourisme), Mines et Industries (développement du gisement d’or d’Etéké et du fer de Baniaka), Justice (renforcement des droits de l’homme, promotion de l’équité, protection des libertés fondamentales et réhabilitation de l’ensemble des établissements pénitentiaires) et Affaires étrangères (protection et assistance des gabonais de l’étranger).
Concernant spécifiquement les promesses considérées comme en cours de réalisation par le Gouvernement, elles ne sont pas toutes logées à la même enseigne. Quelques unes sont très avancées comme la construction de cinq centres de débarquement de produits de pêche à Cocobeach, Franceville, Mouila, Makokou et Mayumba, l’extension et la densification des réseaux électriques et les travaux d’amélioration du rendement du réseau de distribution d’eau potable. A l’inverse, la réalisation d’autres promesses gouvernementales semble être conduite avec apathie voire laissée à l’abandon. C’est le cas notamment des travaux de réhabilitation des voiries urbaines du Grand Libreville, de la réalisation de la route Transgabonaise, de la réhabilitation de l’Ecole provinciale de formation et d’actions sanitaires de Mouila et de la réforme de l’Office Pharmaceutique National (OPN) devant aboutir à une réduction de 30% du coût du médicament.
Surreprésentées dans le bilan de la première année de Rose Christiane Ossouka Raponda à la Primature, les promesses non réalisées sont nombreuses. C’est le cas notamment des promesses d’ouverture d’une école d’infirmières avant la fin de l’année 2020 à Libreville, du lancement du Centre des métiers du transport et de la logistique d’Akanda avant la fin de l’année 2020, de la création de 5000 emplois entre octobre 2020 et octobre 2021 par la mise en place deux nouvelles zones économiques spéciales à Lambaréné et Franceville, de l’activation des mécanismes de financement des collectivités locales tels que le Fonds d’Initiatives Départementales (FID), de la réforme de l’Université des Sciences de la Santé (USS), de la mise en place des formations en ingénierie médicale dans les établissements technologiques du pays, des actions en faveur d’une meilleure couverture vaccinale, de la lutte contre le paludisme, le VIH Sida, la tuberculose et les autres maladies parasitaires, etc.
S’il faut concéder au Chef du Gouvernement qu’une année n’est pas toujours suffisante pour enregistrer des résultats sur toutes les promesses contenues dans un programme de politique générale, il convient cependant de rappeler que sous la présidence d’Ali Bongo Ondimba, un Premier ministre occupe la Primature en moyenne pendant 779 jours soit 2,13 ans[3]. Ce constat devrait inciter Rose Christiane Ossouka Raponda à accélérer la mise en œuvre de ses engagements pour que son passage à la Primature ne se solde pas par un échec, comme ce fut le cas pour ses cinq prédécesseurs.
Mays Mouissi & Harold Leckat
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[1] Constitution de 2018 en vigueur au moment de prise de fonction du Premier ministre Ossouka Raponda
[2] 124 députés ont accordé leur confiance au Gouvernement et 13 ont voté contre.
[3] Durée moyenne passée à la Primature par les Premiers ministres d’Ali Bongo :
Paul Biyoghé Mba 864 jours soit 2 ans, 4 mois et 11 jours
Raymond Ndong Sima 698 jours soit 1 an, 10 mois et 27 jours
Daniel Ona Ondo 947 jours soit 2 ans, 7 mois et 4 jours
Emmanuel Issozet Ngondet 835 jours soit 2 ans, 3 mois et 13 jours
Julien Nkoghé Békalé 551 jours soit 1 an, 6 mois et 4 jours
Belle analyse