Impact du secteur bois sur l’économie du Gabon entre 2018 et 2022
Résumé exécutif de l’étude d’impact du secteur bois sur l’économie du Gabon entre 2018 et 2022 réalisée par EY et Mays Mouissi Consulting
L’étude d’impact du secteur bois sur l’économie du Gabon fait ressortir 3 principaux constats :
- Développement de l’activité et rehaussement du niveau de transformation
La production forestière gabonaise a quasiment doublé depuis 2010. En effet, suite à l’interdiction d’exportation des grumes décidée en 2009, la production forestière annuelle a chuté à 1,9 million de m3 de grumes avant de se redresser progressivement pour atteindre plus de 4 millions de m3 de grumes en 2022. On note, par ailleurs, que l’activité forestière reste largement dominée par l’Okoumé qui représente encore 58% de la production globale en dépit du fait que 60 essences de bois fassent l’objet d’exploitation industrielle au Gabon.
La hausse de la production de grumes a eu un impact positif sur l’activité industrielle dont la production s’est accrue sur tous les segments. En 2022, la production de sciage s’est établie à 1 297 580 m3 en hausse de 275% par rapport à 2010, celle du placage s’est établie à 589 181 m3 en hausse 199% par rapport à 2010 et enfin celle du contreplaqué a progressé de 76% passant de 71 364 m3 en 2010 à 125 831 m3 en 2022. Entre 2018 et 2022, le poids du sciage dans la production industrielle est passé de 74% à 64%, celui du placage est passé de 23% à 29% et enfin celui du contreplaqué est passé de 3% à 6%.
La création à Nkok d’une zone économique spéciale (ZES) dédiée à la valorisation du bois a favorisé la croissance de l’activité industrielle. Créée en 2010, la ZES de Nkok a assuré 31% de la production industrielle nationale en 2022 soit 622 026 m3. Grâce aux 63 unités de transformation du bois (UTB) en activité qui y sont installées, la ZES de Nkok a assuré 13% de la production nationale de sciage, 61% de la production de placage et 69% de la production de contreplaqué.
Sur le plan continental, l’accroissement la production industrielle a permis au Gabon de devenir le 3ème pays producteur de sciage en Afrique et de se positionner désormais comme 1er pays producteur de placage en Afrique (6e dans le monde) notamment grâce à la concentration d’UTB spécialisées dans le placage au sein la ZES de Nkok dont la création de valeur et le rendement matière de transformation sont plus élevés. Quant au contreplaqué, la production 2022 positionne le Gabon au 4e rang des pays producteurs en Afrique.
En raison de problèmes logistiques récurrents, l’approvisionnement en grumes est devenu ces dernières années un obstacle majeur à la poursuite du développement de l’activité du secteur bois. Les tensions liées à l’approvisionnement en grume des industries, ont favorisé le positionnement de GSEZ comme exploitant forestier significatif dans l’optique de sécuriser l’approvisionnement en grumes des UTB installées dans la ZES de Nkok dont il est désormais le principal fournisseur avec 44% des volumes fournis en 2022. Hors de la ZES de Nkok, les difficultés d’approvisionnement en grumes nuisent encore plus à l’activité.
L’augmentation de la production industrielle a favorisé l’accroissement des exportations de bois ouvrés aussi bien en volume qu’en valeur. En 2022, les volumes de bois ouvrés exportés se sont établis à 1,4 million de m3 en hausse de 53% par rapport à 2018 tandis que la valeur des exportations de bois ouvrés a atteint 610 milliards XAF en hausse de 91% par rapport à 2018. Le bois ouvré exporté par la ZES de Nkok en 2022 a représenté 40% des exportations nationales en volume (306 791 m3) mais 51% de la valeur totale du bois exporté soit 307 milliards XAF, en hausse de 530% par rapport à 2018. A l’inverse, les UTB localisées hors de la ZES de Nkok ont assuré 60% des exportations de bois ouvrés en volume en 2022 mais seulement 49% de la valeur totale du bois exporté soit 304 milliards XAF, en hausse de 12% par rapport à 2018. En 2021, le poids du secteur bois dans les exportations du Gabon en valeur était de 15% contre 11% en 2019. Par conséquent, le bois conforte sa position de 2ème produit d’exportation, derrière le pétrole et devant le manganèse.
Le regain d’activité de la filière bois s’est également traduit par un accroissement de la contribution du secteur dans la formation du PIB. Ainsi, le secteur bois a contribué à hauteur de 489 milliards XAF dans le PIB du Gabon en 2022, en hausse de 322% par rapport à 2010. Cette contribution se répartit ainsi qu’il suit : 168 milliards XAF pour l’exploitation forestière (+211% par rapport à 2010) et 322 milliards XAF pour l’industrie forestière (+411% par rapport à 2010).
- Hausse de la collecte fiscale et douanière
La collecte fiscale et douanière réalisée sur le secteur bois a connu une très forte progression. Sur les 5 dernières années, la collecte fiscale réalisée sur le secteur bois et la liquidation des droits et taxes par les services douaniers ont presque triplé en passant de moins de 13 milliards XAF en 2018 à près de 37 milliards XAF en 2022. L’accroissement de la collecte sur la période a été favorisé par l’entrée en vigueur des réformes introduites dans la loi de finances 2020, concernant aussi bien le volet fiscal que le volet douanier. En 2022, la contribution du volet fiscal (impôts) a représenté 57% du montant total des recouvrements et des liquidations des droits et taxes réalisés sur le secteur bois. Le volet douanier, quant à lui, représente 43%.
Concernant les impôts et taxes, 21 milliards XAF ont été collectés en 2022, en hausse de 150% par rapport à 2018 dont 3,7 milliards XAF collectés auprès des entreprises installées au sein de la ZES de Nkok (+189%) et 17,4 milliards XAF collectés auprès des entreprises installées hors de la ZES de Nkok (+143%). Les UTB installées hors de la ZES de Nkok ont assuré 82% de la collecte des impôts et taxes dans le secteur bois en 2022 contre 85% en 2018. La ZES de Nkok a, quant à elle, assuré 18% de la collecte en 2022 (hors travailleurs mis à disposition) contre 15% en 2018. On note ainsi que les taxes forestières représentent désormais 40% des recettes collectées au titre des impôts et taxes en 2022.
Concernant les droits et taxes douaniers, 15,8 milliards XAF ont été liquidés en 2022, en hausse de 361% par rapport à 2017. La hausse de la contribution du secteur bois aux recettes douanières passée de 1,3% en 2017 à 4% en 2021 a été soutenue principalement par les entreprises de la ZES de Nkok. Celles-ci ont généré 5,2 milliards XAF de recettes douanières en 2021 et 6,8 milliards XAF en 2022, ce qui représente une hausse de 703% par rapport à 2018. Les entreprises localisées hors de la ZES de Nkok ont réalisé 9 milliards XAF de recettes douanières en 2022 en hausse de 361% par rapport à 2017. L’augmentation des recettes douanières dans le secteur s’explique par la réforme du barème des droits de sortie sur le bois transformé exporté introduite par la loi des Finances rectificative 2020. Par ailleurs, les pertes de recettes douanières liées aux exonérations dont bénéficient les entreprises du secteur se sont élevées à 2,4 milliards XAF en 2021 en baisse de 58% par rapport à 2018. En 2021, ces exonérations ont profité à 19% aux entreprises de la ZES de Nkok et à 81% aux entreprises opérant hors de la ZES de Nkok. Enfin, entre 2018 et 2021, le taux de recouvrement moyen des impôts sur le secteur bois s’est établi à 44%.
- Difficultés sociales
Le nombre d’emplois formels dans le secteur bois a progressé de 4 142 postes en 12 ans pour atteindre près de 12 565 emplois en 2022 hors emplois intérimaires et saisonniers occupés par des salariés des sociétés de mise à disposition du personnel notamment au sein de la ZES de Nkok. Les effectifs salariés du secteur bois représentaient ainsi 16% des emplois privés formels en 2020 positionnant cette filière comme le premier employeur privé du pays. La dynamique de l’emploi dans le secteur bois est presque exclusivement portée par l’industrie forestière dont le nombre d’emplois s’est accru de 117% entre 2010 et 2022 pour atteindre 8 884 emplois (hors salariés des sociétés de mise à disposition du personnel). Aussi, la mise en place de la ZES de Nkok a donc eu un impact important sur l’accroissement du nombre d’emplois dans le secteur.
Cependant, on relève un recours massif aux sociétés de mise à disposition du personnel qui fournissent la majorité des travailleurs en activité dans les UTB basées à Nkok, donnant une vision contrastée des emplois localisés dans cette zone d’une part et de la protection sociale accordées aux employés d’autre part. En effet, alors qu’on estime entre 3 000 et 4 000 le nombre d’employés en activité dans l’industrie du bois à Nkok, seulement 1 693 (+247% par rapport à 2018) étaient régulièrement déclarées par les UTB de la ZES à la CNSS comme employés internalisés tandis que 2 193 travailleurs (+79% par rapport à 2021) étaient déclarés par les sociétés de mise à disposition du personnel prestataires des UTB de la ZES de Nkok. Les autres travailleurs qui interviennent dans la zone de Nkok sont des employés d’origine étrangère qui ne sont pas toujours déclarés aux organismes sociaux.
Cliquer sur l’image ci-dessous pour télécharger le support de présentation des résultats de l’étude dont la restitution a été réalisée le 19 juin 2023 :
Un bilan général pour un secteur