Gabon : Evolution de la masse salariale et du nombre d’emplois publics
Au cours de la décennie 2004 – 2014, le nombre d’emplois publics et les charges en découlant se sont fortement accrus au point d’inquiéter le Fonds Monétaire International (FMI) qui a appelé le Gabon à un meilleur contrôle de sa masse salariale. Si une grande partie de l’accroissement des dépenses publiques de personnel est directement imputable à l’augmentation des effectifs publics passés de 54 415 en 2004 à 109 050 agents en 2014, la part différentielle résulte de la création de primes diverses souvent créées à la hâte sans que leur impact sur les finances publiques n’ait été préalablement mesuré à l’image de la prime d’incitation à la performance (PIP).
Evolution du nombre d’emplois formels entre 2004 et 2014
Si l’on se réfère aux statistiques officielles telles que contenues dans les différents annuaires statistiques édités depuis 2001, le nombre d’emplois publics au Gabon a progressé de 100% entre 2004 et 2014. Ainsi constate-t-on que le rythme d’accroissement des emplois dans le secteur public est 3.5 fois plus rapide que dans le secteur privé formel & parapublic où les effectifs n’ont cru que de 29% sur la même période passant de 54 897 agents en 2004 à 70 776 agents en 2014.
Alors qu’en 2004, les effectifs publics et privés & parapublics étaient plus ou moins équivalents (54 415 agents publics contre 54 897 agents privés formels & parapublics), la situation a littéralement changé en 2014 où 61% des salariés gabonais sont désormais agents de l’Etat contre seulement 39% de salariés employés dans le secteur privé formel & parapublic. Cette inversion, en plus de démontrer que le nombre d’emplois publics progresse trop rapidement, permet de constater que le secteur privé gabonais ne crée pas suffisamment d’emplois pour absorber tous les jeunes qui rentrent chaque année sur le marché du travail. Cela explique également un autre paradoxe du marché du travail gabonais. En effet, bien que le nombre d’emplois formels (publics et privés compris) ait augmenté de 65% passant de 109 312 à 179 826 salariés entre 2004 et 2014, le nombre de chômeurs s’est lui aussi accru. Le taux de chômage est ainsi passé de 20% environ à 27% … et approcherait même 35% chez les jeunes.
Par ailleurs, il faut déplorer que 56 ans après son accession à l’indépendance, le secteur public gabonais demeure encore le premier employeur du pays et que la fonction publique soient utilisée comme variable d’ajustement du chômage. En effet, la structure économique d’un pays moderne doit nécessairement conduire le secteur privé formel à supporter la très grande majorité des emplois d’un pays et non le contraire. Si le rythme de création d’emplois privés est jugé trop faible, l’Etat dispose cependant de plusieurs leviers pour accompagner les privés dans le développement des leurs entreprises et par conséquent dans la création d’emplois. L’amélioration de l’environnement des affaires est le premier d’entre eux. Cependant, il convient de constater que le Gabon n’est classé que 162e sur 189 pays au classement Doing Business 2016 de la Banque mondiale qui mesure la qualité de l’environnement des affaires. Le pays a perdu 6 places par rapport au classement de l’année précédente.
Evolution des dépenses salariales de l’Etat entre 2004 et 2014
Point d’inquiétude récurrent des institutions financières internationales, la progression de la masse salariale du Gabon doit être rapidement maitrisée au risque de devenir difficilement supportable pour les finances publiques du Gabon dans le contexte de ralentissement économique créé par la chute des cours du pétrole.
Ainsi, entre 2004 et 2014 les dépenses publiques réalisées au titre des salaires et traitements ont-elles évolué de 205% passant de 226 milliards FCFA à 691 milliards FCFA. Les différents programmes de départs en retraite anticipée n’ont pas pu infléchir cette hausse des dépenses salariales puisque dans le même temps l’Etat gabonais initiait des programmes de recrutement dans l’administration publique au bénéfice notamment des forces de défenses et de sécurité.
Par ailleurs la décision prise d’instituer une prime d’incitation à la performance (PIP), avant qu’un encadrement juridique précis ne soit mois en place et sans étude préalable des impacts financiers consécutifs, a fortement contribué à la hausse de la masse salariale. Mal conçue, mal comprise, la PIP a fini par concentrer des tensions sociales lesquelles ont débouché sur une suppression de cette prime au bénéfice du nouveau système de rémunération (NSR) des agents publics en vigueur aujourd’hui.
Mays Mouissi
Sources principales :
– Annuaire statistique du Gabon 2001 – 2007
– Annuaire statistique du Gabon 2009
– Tableaux des opérations financières de l’Etat de 2004 à 2014
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