Gabon : 483 ans nécessaires pour résorber le déficit en logement
Dans un discours prononcé le 28 juin devant le parlement réuni en congrès, le Président gabonais tout en reconnaissant l’échec de sa politique du logement s’est montré satisfait d’avoir construit plus de logements pendant son septennat qu’au cours des 7 années précédentes. Cependant, dans un pays où le déficit en logement s’élève à 259 579 unités, la construction annoncée de 3 762 logements en 7 ans soit à peine 537 logements par an ne permettrait de résorber le déficit en logement que dans 483 ans … Et cela en considérant que les besoins nationaux en logement demeurent constants.
345 468 citoyens mal logés au Gabon
Le mal logement au Gabon est devenu un problème d’ampleur nationale. Jamais auparavant le nombre de personnes mal logées n’a été aussi élevé. En effet le Recensement général de la population et des logements de 2013 (RGPL 2013) a entre autre permis d’actualiser les données relatives au mal logement en République gabonaise. Ainsi 345 468 personnes sont en manque de logement. 289 704 d’entre elles (soit 84%) résident en milieu urbain tandis que 55 764 (soit 16%) demeurent en milieu rural.
A elle seule la province de l’Estuaire concentre 53% des résidents en manque de logements. La première province du Gabon compte ainsi 181 695 personnes mal logées, loin devant le Haut-Ogooué qui compte 39 815 mal logés (12%) et le Woleu-Ntem qui lui compte 34 425 personnes en manque de logement (10%).
En proportion de leur population, les provinces qui comptent le plus de personnes en manque de logement sont l’Ogooué Ivindo (40%), le Woleu-Ntem (23%), l’Estuaire et le Moyen-Ogooué (20%). Les autres provinces sont à peine mieux loties. Au plan national, le nombre de résidents en manque de logement représente 19.7% de la population total du pays. En termes simples, un gabonais sur cinq est actuellement en manque de logement.
Construire 26 000 logements par an pour résorber le déficit en 10 ans
Le besoin national en logements décents s’élève à 259 579 unités. Il s’agit du nombre de logements sains et viables pour lesquels les ménages mal logés ont exprimé un besoin. Année après année ce besoin ne cesse de s’accroitre tant le nombre de logements construits annuellement est faible et ne permet pas d’absorber la demande qui elle s’accroit avec la démographie. Au début des années 2 000, le déficit en logement au Gabon n’était évalué qu’à 150 000 unités et les organismes internationaux jugeaient déjà la situation très précaire. 16 ans plus tard, le déficit s’est encore creusé puisque le besoin s’est accru de plus de 109 500 logements.
Ainsi en milieu urbain, le déficit en logement s’élève à 215 328 unités (soit 83% du déficit national) tandis qu’en zone rurale on estime le déficit en logement à 44 251 unités (soit 17% du déficit national).
Au plan provincial, avec un besoin de 138 758 logements, l’Estuaire concentre 54% du déficit national en logement suivie des provinces du Woleu-Ntem et du Haut-Ogooué qui ont un déficit en logement équivalent d’environ 27 400 unités chacune (soit 10.6% du déficit national pour chaque province).
Enfin, à besoins constants pour résorber le déficit en logement en 10 ans, le Gabon ne devrait pas construire 5 000 logements par an comme on l’entend souvent mais 25 958 logements par an.
Mays Mouissi
Sources principales :
– Recensement général de la population et des logements de 2013 (RGPL 2013)
– Données 2015 de la Direction générale de la statistique (DGS) – Gabon
– Discours du Président gabonais devant le congrès du parlement le 28 juin 2016
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