Gabon : Le coût de la Tropicale Amissa Bongo
Lancée en 2006, la course cycliste ‘‘Tropicale Amissa Bongo’’ réunie chaque année au Gabon l’élite du cyclisme africain et des cyclistes européens de renom. En 11 éditions, elle est devenue la course cycliste la plus importante du continent africain. Arrivée à maturité, cette compétition continue cependant d’être financée en grande partie sur des ressources publiques. Rien qu’en 2015, l’Etat gabonais a déboursé près de 950 000 millions FCFA pour son organisation.
L’argent public de la Tropicale
Pour financer l’édition 2016 de la Tropicale Amissa, l’Etat gabonais a ouvert 4 lignes de crédits dans son budget 2015. Deux d’entre elles furent exécutées le 25 février 2015 tandis que les deux autres l’ont été le 31 décembre de la même année.
De façon plus approfondie, les crédits accordés par l’Etat gabonais au bénéfice de la Tropicale Amissa Bongo prennent en charge :
– Les dépenses liées à l’organisation de la compétition lesquelles ont couté 900 millions FCFA et furent payées sur deux lignes budgétaires de 600 millions et 300 millions FCFA. Ces dépenses ont été inscrites dans la rubrique ‘‘631108 : Subventions de développement aux organismes publics personnalisés’’.
– Les frais de déplacement et de séjour de la délégation de contrôle pour lesquels l’Etat a dégagé 24.9 millions FCFA inscrits dans la rubrique ‘‘611201 : Frais de déplacements au Gabon’’.
– Les frais de déplacement et de séjours des délégations pour lesquels l’Etat a également payé 24.9 millions FCFA qui furent inscrits dans la rubrique budgétaire ‘‘611101 : Frais de missions au Gabon’’
Pour un financement privé de la Tropicale Amissa Bongo
Peut-être indispensable au moment de son lancement, l’important financement public dont bénéficient les organisateurs de la Tropicale Amissa Bongo ne devrait pas perdurer dans un pays où les besoins sociaux sont si importants et où les priorités sont certainement ailleurs. Comme pour le championnat national de football pour lequel l’Etat gabonais a dépensé près de 5 milliards FCFA en 2015, il est tout aussi difficile de comprendre qu’après 11 éditions et un rayonnement continental revendiqué, la Tropicale Amissa Bongo ne soit toujours pas en capacité d’être organisée en l’absence de fonds de l’Etat central.
En comparaison, le Tour de France, certes plus prestigieux, ne reçoit aucun financement émanant du budget national français. Il constitue son budget à partir de fonds provenant de 3 sources : le sponsoring de sociétés dans le cadre de partenariats publicitaires, les recettes liées à la retransmission de la course (droits télés notamment) et des commissions payées par les villes désireuses d’accueillir des étapes du tour à raison de 40 millions FCFA (60 000 €) pour les villes qui accueillent le départ d’une étape et 66 millions FCFA (100 000 €) pour celles qui en accueille l’arrivée.
Fort de cet exemple, la Tropicale Amissa Bongo doit être en capacité de générer des profits, de bâtir une structure de financement viable sans qu’elle ne s’appuie sur des subventions publiques et créer un modèle économique intelligent qui assurerait la pérennité de cette compétition dans le temps. Cela est d’autant plus urgent que dans le contexte de baisse de recettes budgétaires auquel le Gabon fait face, l’intérêt national commande aux décideurs de déprogrammer voire même de supprimer les dépenses publiques non-prioritaires en même temps qu’ils s’engageraient dans une réelle réduction du train de vie de l’Etat.
Mays Mouissi
Sources principales :
– Tableau annuel d’exécution du budget de la République gabonaise exercice 2015 – Version intégrale
– Site officiel de la Tropicale Amissa Bongo
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Combien ça rapporte au pays, et voyez tout au de ça les je pense que c’est la bienvenue pour le pays