Gabon : Auditer la gestion passée de Gabon Poste
Déjà renfloué à hauteur de 10 milliards FCFA sur le budget 2015 de la République gabonaise, le groupe Poste S.A. sollicite à nouveau un financement public pour assurer la reconstitution des avoirs de ses épargnants et des petits porteurs évalués à 75 milliards FCFA. Bienveillant à l’égard du groupe dont il est l’unique actionnaire, l’Etat ne doit pas s’exonérer de l’exigence d’un audit sur la gestion passée de la Poste, de la recherche des solutions auxquelles le groupe est confronté mais aussi de la recherche des responsabilités sur le drame traversé par ce conglomérat.
142 milliards FCFA nécessaires pour redresser Poste S.A.
Confronté à d’importantes difficultés financières depuis plus de 3 ans, le groupe Poste S.A. est contraint à la restructuration pour survivre. Nommé à la tête du groupe en octobre 2015, la nouvelle direction a présenté en mars dernier un plan de redressement chiffré à 142 milliards FCFA. Il apparait donc que les 2 subventions exceptionnelles de 5 milliards FCFA chacune versées par l’Etat à l’entreprise sur le chapitre 631201 – Subventions aux sociétés se sont avérées largement insuffisantes pour remettre l’entreprise à flot.
Appelé à nouveau à contribuer pour assurer la survie de Poste S.A. dans un contexte budgétaire difficile, il est évident que l’Etat gabonais n’est pas en capacité d’assurer un financement exceptionnel de 152 milliards FCFA sur un exercice budgétaire au seul bénéfice de Poste S.A. ni même de 75 milliards FCFA nécessaires à la reconstitution de l’épargne des clients.
Dans ce contexte, l’ampleur des fonds nécessaires à la restructuration du groupe commande de ne pas exclure l’ouverture du capital du groupe Poste S.A. à des investisseurs privés. Dans l’hypothèse où l’entreprise intéresserait des investisseurs, une privatisation partielle peut en effet être envisagée. La recapitalisation de Poste S.A. à partir de fonds privés serait certainement ce qui pourrait arriver de mieux au groupe et aux finances publiques du Gabon.
Le redressement d’une entreprise en difficulté est un exercice particulièrement ardu qui exige de prendre des décisions difficiles, souvent impopulaires et dans un contexte social tendu. Ainsi, doit-on s’attendre à ce que les mesures d’économies et de réductions de coûts qui seront prises par les nouveaux dirigeants de l’établissement ne rencontreront pas l’assentiment de l’ensemble du personnel tout comme la nécessaire cession de certains actifs de l’entreprise (notamment immobiliers).
Commanditer un audit de la gestion passée de Poste S.A.
La situation dramatique du groupe Poste S.A. et la précarité qu’elle entraine pour ses usagers dont les retraits sont depuis plusieurs mois plafonnés ne peuvent laisser indifférent. Les impacts sociaux non plus.
Il apparait donc nécessaire de commanditer un audit de gestion indépendant sur la gestion passée du Groupe Poste S.A. qui permettrait d’identifier avec précision l’origine des difficultés rencontrées et situer les responsabilités des uns et des autres. La recherche des causes aux problèmes auxquels fait face Poste S.A. permettrait ainsi d’administrer les bonnes solutions. Il s’agira de tirer les conséquences et d’agir pour que cette société, témoin de l’histoire de la République gabonaise, ne vive plus jamais de telles difficultés et sorte de cette crise renforcée. Par ailleurs, Poste S.A. étant un groupe public et les dépôts des usagers ayant été gelés pour permettre à l’entreprise de traverser cette période difficile, il serait logique que les résultats d’un tel audit soit rendu public.
Pour l’Etat actionnaire, il serait utile d’obtenir de la nouvelle direction la présentation de bilans d’étapes semestriels sur la situation du groupe pour mesurer les progrès réalisés dans la résolution des problèmes graves de Poste S.A.. Une telle transparence aurait pour effet de rassurer les salariés et les partenaires de l’entreprise.
Mays Mouissi
Sources principales :
– Tableau annuel d’exécution du budget de la République gabonaise exercice 2015 – Version intégrale
– Déclarations de presse du Directeur général de Poste S.A. des 20 mars 2016 et 2 mai 2016
Bonjour,
Pourriez-vous nous éclairer, peut-être dans un prochain article ou une prochaine analyse sur les services à valeur ajoutée offerts par ce groupe.
En ce qui concerne son corps de métier, le Groupe est en concurrence avec la messagerie électrotechnique, UPS, DHL et pour ce qui est des services financiers, je ne pense pas qu’elle fasse mieux que les banques.
La vraie question n’est-elle pas de savoir si le groupe est rentable ?
Ne doit-elle pas innover ?
Vous faites un excellent travail
Cordialement
Fabrice MANZEKI