Pétrole : Gel de la production, l’impossible consensus
Réunis ce 17 avril à Doha (Qatar) dans le cadre de discussions devant aboutir à un gel de la production de pétrole pour faire remonter les prix, les 12 pays membres de l’OPEP n’ont pas trouvé de consensus. Les rivalités entre l’Arabie Saoudite et l’Iran mettent en échec toutes les négociations engagées depuis le mois de février au sein de cette organisation. Les prix du pétrole repartent à la baisse au détriment des pays producteurs notamment ceux du continent africain.
Conserver des parts de marchés à tous prix
Au cours des deux derniers mois les cours du pétrole avaient gagné près de 10 USD sur le baril vendu. Le baril Brent s’échangeait encore récemment à plus de 40 USD le baril contre à peine 30 USD le baril fin janvier. Ces dernières semaines, l’anticipation des marchés d’un accord sur le gel de la production pétrolière des pays de l’OPEP à l’issue des négociations de Doha avait favorisé une remontée des cours. L’absence d’accords à Doha ce week-end a stoppé la hausse des cours lesquels sont repartis à la baisse, peut-être durablement.
Beaucoup d’espoirs étaient fondés sur un éventuel accord à Doha, en effet le marché est en surproduction, notamment en raison du retour de la production iranienne de brut. La rivalité entre l’Arabie Saoudite et l’Iran fondée sur des intérêts stratégiques divergents a eu raison de cet éventuel accord.
En effet, pour conserver ses parts de marchés, l’Arabie Saoudite conditionne la mise en œuvre d’un gel de la production de pétrole au fait que tous les pays de l’OPEP, sans exception, l’appliquent. L’Iran, longtemps absent de la scène internationale, souhaite pour sa part gagner des parts de marché et se refuse à s’imposer un gel de production arguant que la période où il était sous embargos correspondait de fait à un gel de sa production.
En l’absence d’accord, tous les pays producteurs sont perdants
Au-delà des questions géostratégiques qui opposent l’Arabise Saoudite et l’Iran, la question relative aux parts de marché dans la vente de pétrole est cruciale. En effet, dans ce marché les opérateurs mettent plusieurs années à récupérer des parts de marchés perdues.
Malgré la surproduction pétrolière évidente, les 2 principaux producteurs de l’OPEP ne sont pas en voie de s’entendre. Mécontente d’avoir pu obtenir un gel de la production de tous les pays de l’OPEP, l’Arabie Saoudite menace désormais de d’accroitre sa production alors que les besoins quotidiens en pétrole brut sont évalués à 95 millions de barils et que les pays producteurs injectent chaque jour 97 millions de barils. Si cette menace était mise œuvre, la baisse des prix du pétrole s’en trouverait amplifiée.
Grand perdant de cette bataille stratégique, les pays pétroliers souffrent de plus en plus de la baisse des prix. Depuis le début du mois de janvier, le prix moyen du baril s’est élevé à 36 USD, bien en deçà du prix d’équilibre attendu par des nombreux pays pétroliers (43 USD pour l’Angola, 41 USD pour le Gabon, 37 USD pour le Nigéria ou 36 USD pour l’Algérie).
Mays Mouissi
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