Ces maux auxquels les compagnies aériennes africaines doivent faire face
L’émergence d’une classe moyenne africaine a favorisé la croissance du secteur aérien sur le continent. L’Afrique compte plusieurs dizaines de compagnies aériennes, certaines à l’instar d’Ethiopian Airlines ont réussi à s’ériger au même niveau que les compagnies aériennes occidentales tant en terme de qualité de service et de business model. D’autres cependant, ne répondent pas aux standards de qualité et de sécurité. Quel est l’Etat du secteur aérien africain ? Comment les principales compagnies du contient se classent-elles entre elles ?
Un trafic aérien en progression
Selon l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA), en 2015 le nombre de passagers des compagnies aériennes a progressé de 6,5 % au niveau mondial. Environ 260 compagnies assurent 83% du trafic sur la planète. La croissance du trafic passager trouve son origine dans l’augmentation du volume des échanges mondiaux, des conditions d’obtention de visas plus souples dans certains pays et par la baisse des prix des billets conséquence du recul des prix du pétrole et de la politique tarifaire offensive des compagnies low cost.
L’accroissement du trafic passager ne se traduit pas de façon homogène entre les différentes régions du monde. Ainsi le Moyen-Orient et l’Amérique Latine ont vu croitre leur trafic respectivement de +10,5% et +9,3%. En Europe le trafic passager a progressé de 5 %. En Amérique du Nord et en Afrique, la progression du trafic passager a été plus faible, respectivement 3,2 et 3 % de croissance. L’Afrique qui accueille 16.1% de la population mondiale représente encore moins de 3% du trafic mondial. Cette statistique peu flatteuse, donne cependant un aperçu de la croissance à venir du secteur aérien sur le continent.
Ces maux auxquels les compagnies africaines doivent faire face
Parmi les principaux manquements souvent reprochés aux compagnies aériennes africaines figure l’absence de sécurité. En 2013, après avoir audité 200 compagnies aériennes en service sur le continent, l’IOTA révélait que seules 38 répondaient aux normes internationales de sécurité.
Plus préoccupant encore, le taux de perte de coques d’avions en Afrique est le plus élevé au monde. Pour chaque million de vols effectués, l’Afrique perd 3.49 coques d’avions à réaction contre 2.07 pour l’Asie-Pacifique, 0.51 pour l’Amérique du Nord. Dans les autres régions du monde ce taux est très proche de 0.
Par ailleurs, face à des clients de plus en plus exigeants, il est reproché aux compagnies aériennes africaines leur mauvaise qualité de service et des tarifs jugés excessifs. Ces limites de compagnies aériennes africaines se traduisent dans leurs résultats. En moyenne en 2015, une compagnie africaine faisait 4 fois moins de bénéfices par passager qu’une compagnie européenne.
En outre, La qualité des flottes – parfois trop petites et/ou trop vielles – est également un frein au développement commercial des compagnies africaines. D’autres charges supplémentaires, notamment celles liées au cout du carburant mettent en difficulté les compagnies. En effet, sur le continent, le carburant coûte de 20 à 30 % plus cher que dans les autres régions du monde. En Afrique, le carburant représente 45 à 55 % des coûts d’exploitation globaux, contre 30 à 35 % ailleurs. De plus, les compagnies aériennes africaines font face à des coûts bien plus importants en matière d’assistance aéroportuaire, de leasing ou lors de la souscription de polices d’assurance.
L’instabilité politique de certaines régions, la multiplication des conflits armés, l’augmentation du risque terroriste, la vieillesse des infrastructures aéroportuaires, les situations de monopole sur les lignes intra-africaines, la faible libéralisation du secteur, etc., sont autant de facteurs qui peuvent expliquer pourquoi de nombreuses compagnies africaines éprouvent tant de difficultés.
A ces difficultés, il convient d’ajouter que les taxes et redevances aéroportuaires africaines par passager sont les plus chères au monde. Selon la Banque Africaine de Développement (BAD), un passager qui débarque à Accra (Ghana), paye environ 75 USD de taxes et 137 USD s’il atterrit à Ambouli (Djibouti). Si le même passager atterrissait à Paris (France), il ne paierait que 14 USD et 6 USD s’il se posait à Mumbai (Inde).
Pourquoi les compagnies aériennes africaines sont-elles peu rentables ?
La rentabilité des compagnies aériennes africaines est généralement plus faible que celles de leurs consœurs d’Europe ou d’Asie. En cause, la faiblesse de leur trafic domestique et le protectionnisme appliqué par les Etats dans leurs espaces aériens qui limite le périmètre d’action des compagnies.
Au niveau intérieur, le tarif pratiquée par les compagnies aériennes exclues de fait une grande partie de la population qui préfère utiliser les moyens de transports alternatifs.
Les lenteurs observées dans la mise en œuvre de l’intégration africaine la libre circulation des personnes et celle des biens. Des millions d’Africains doivent encore se soumettre à des procédures d’obtention de visa onéreuses et fastidieuses.
Enfin, les transporteurs du continent se desservent principalement quelques grandes capitales africaines et les autres grandes villes du monde. Il en résulte que bien souvent pour se rendre dans un pays lusophone d’Afrique au départ d’un pays francophone du continent, il faut nécessairement réaliser une escale en Europe. Un comble.