Afrique : Les notes souveraines des pays pétroliers à l’index
Face à la chute brutale des prix du pétrole, l’agence de notation Moody’s envisage de procéder à une série de dégradations des notes souveraines de nombreux pays pétroliers. Si l’Arabie Saoudite et la Russie sont les premières visées, 3 pays africains producteurs le sont aussi, en l’occurrence le Gabon, l’Angola et le Nigeria. Pour les pays africains concernés le poids du secteur pétrolier dans leurs économies et la conjoncture défavorable sont de nature à créer des tensions budgétaires et modifier leurs équilibres macro-économiques.
L’Angola, le Gabon et le Nigéria sous surveillance
La dégradation des notes souveraines de certains pays pétroliers envisagée par Moody’s fera écho à celles déjà réalisées par les deux autres grandes agences de notation, Standard & Poor’s et Fitch Rating. Il s’agira pour Moody’s de constater l’augmentation du risque pris par les investisseurs susceptibles de répondre favorablement aux demandes de prêts des pays concernés.
Dans le cas des pays africains producteurs de pétrole mis sous surveillance par Moody’s il apparait que le recul des prix du pétrole ont généré une baisse substantielle de leurs revenus. Leur faible niveau de réserves ne permet pas de compenser le manque à gagner né de la baisse des revenus pétroliers d’autant que ces pays ont construit leur budget nationaux sur la base d’un baril de pétrole moyen compris entre 38 et 42 USD alors que le pétrole s’échange actuellement autour de 32 USD.
Rappelons qu’au Gabon, le pétrole contribue à hauteur de 32 % des recettes publiques consolidées et à 65 % des exportations du Gabon. En Angola, 67 % des recettes publiques et 97 % des exportations ont une origine pétrolière. Au Nigeria, le pétrole représente 40 % des recettes publiques et 90 % des exportations.
Le Congo-Brazzaville dégradé d’un cran
Par ailleurs, le Congo-Brazzaville autre producteur subsaharien a vu sa note être abaissée par les agences Fitch et Moody’s. Ainsi, est-elle passée de Ba3 à B1 dans la catégorie des dettes spéculatives et elle pourrait être dégradée davantage. La dégradation des notes souveraine des Etats a pour effet d’accroitre leurs couts d’endettement puisque chaque dégradation induit une augmentation de la prime de risque demandée par les créanciers lorsque les Etats sollicitent des emprunts sur les marchés.
En plus de la baisse des prix du pétrole, Moody’s s’inquiète notamment de ses conséquences directes :
– l’accroissement des déficits budgétaires ;
– la baisse des réserves extérieures ;
– la détérioration des comptes extérieurs des Etats concernés ;
Enfin comme celles de beaucoup d’analystes, les projections de Moody’s ne tablent pas sur une hausse des cours du pétrole à moyen terme qui aurait eu pour effet de permettre aux pays pétroliers du continent d’avoir une meilleure situation budgétaire.
Alex Saizonou & Mays Mouissi