Comment évolue l’accès à internet en Afrique ?
L’accès à internet en Afrique est devenu un enjeu de développement. Au cours de la dernière décennie la connectivité à internet sur le continent a énormément progressé. Les réseaux de téléphonie mobile qui couvrent désormais une large partie du continent ont favorisé l’accès à internet y compris dans de régions reculées. Quel est l’état de la connectivité à internet sur le continent ?
Où en est l’internet en Afrique ?
Entre 2000 et 2015 le taux de pénétration d’internet à l’échelle mondiale a été pratiquement multiplié par 7 selon l’Union Internationale des Télécommunications (UIT). Il est ainsi passé de 6,5% à 43,4 %. 3,2 milliards de personnes ont désormais accès à internet sur les 7,4 milliards d’habitants de la planète. Environ 2 milliards des personnes ayant accès à internet vivent dans les pays en développement.
Cependant, en dépit de ces chiffres qui confirment la progression de la pénétration d’internet, 4,2 milliards de personnes vivant dans les pays en développement n’y ont toujours pas accès. La problématique de l’accès à internet touche davantage les habitants des pays les moins avancés (PMA). Sur les 47 pays figurant sur la liste des PMA, 33 pays sont subsahariens. Les quatorze autres étant situés en Amérique, en Asie et en Océanie. 851 millions de personnes vivant dans ces pays n’auraient carrément pas accès à internet. À titre de comparaison, un tiers seulement de la population des régions en développement utilise Internet, contre 82 % dans les régions développées.
En Afrique, seuls 20.7% de la population a accès à internet. Environ 872 millions d’Africains n’y sont toujours pas connectés. La majorité des internautes africains vivant au sud du Sahara sont des mobinautes. C’est-à-dire qu’ils se servent de leurs smartphones pour se rendre sur le web. Trois facteurs expliquent principalement ce comportement :
– le coût élevé des terminaux (ordinateurs et tablettes) ;
– la faiblesse ou l’inexistence du réseau filaire ;
– Le coût élevé de la redevance ADSL.
En Afrique subsaharienne, environ 65 % de la population vit encore dans les zones rurales. Économiquement faible, cette tranche de la population n’a pas accès à l’internet filaire (ADSL). Et même si ces localités étaient desservies par l’ADSL, le coût de la connexion serait prohibitif pour des populations dont la grande majorité vit encore avec moins d’un dollar par jour.
L’expansion de l’internet en Afrique grâce au réseau mobile
Pour se connecter au web, des millions d’Africains n’ont d’autres choix que de se tourner vers les réseaux mobiles (EDGE/3G et depuis peu 4G). En effet, ces réseaux offrent une meilleure couverture, y compris des zones reculées, et reste relativement accessible en terme de coût.
Si l’on se réfère au dernier rapport sur l’économie de l’information de la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), 95% de la population mondiale serait couverte par un signal de téléphonie mobile cellulaire. Une étude menée par le forum économique mondial (World Economic Forum), a conclu que d’ici à 2017, environ 97 % des Africains seraient détenteurs d’un téléphone mobile. Les projections sont d’autant plus optimistes qu’elles confirment qu’une véritable révolution technologique est actuellement en marche en Afrique. Selon l’association GSMA, d’ici 2020 49 % de la population subsaharienne sera équipée d’un smartphone. En outre, le cabinet International Data Corporation (IDC) estime pour sa part que 160 millions de smartphones ont été vendus en 2015 en Afrique et dans le Moyen-Orient. Les projections de 2020 laissent à penser que 80 % des smartphones seront vendus rien qu’en Asie-Pacifique, au Moyen-Orient et en Afrique.
Dans les prochaines années, les ventes de smartphones en Afrique connaîtront une importante progression, notamment grâce à la diversification des offres et les investissements massifs des géants africains des différents opérateurs (Orange, MTN, Etisalat, etc.). La commercialisation des smartphones venus d’Asie et principalement de Chine favorisera l’essor de ce secteur. Les smartphones chinois étant accessibles à partir de 100 USD. Le cas du Nigéria permet de l’illustrer. Selon le rapport du premier semestre 2015 de l’agence de régulation des télécommunications nigérianes, près de 93 millions d’utilisateurs auraient accès à internet grâce au mobile.
Ayant compris l’intérêt qu’ils pouvaient en tirer, les géants américains du net, Google et Facebook notamment, envisage des investissements massifs sur le continent africain qui est déjà le marché des télécommunications le plus dynamiques au monde. Et sera certainement dans quelques années, l’un des plus lucratifs de la planète.
Comment Google compte-t-il s’approprier le gigantesque marché africain ?
Selon un rapport d’Ericsson Mobility paru en juin dernier, l’Afrique compterait près d’un 910 millions d’adonnés au téléphone mobile. Rien qu’au premier trimestre 2015, 21 millions de nouveaux abonnements ont été enregistrés sur le continent. D’ici à 2020, 70 % de la population mondiale utilisera un smartphone et 90 % de la population sera couverte par une connexion mobile haut débit.
Pour sa part, Google a lancé plusieurs services et projets à destination de l’Afrique. L’américain veut étendre ses activités à l’échelle mondiale et désire être plus présent sur le continent africain. Pour y arriver, Google projette de fournir internet aux populations qui n’en ont pas accès dans le cadre d’un projet dénommé « Project Link ». Si il est mené à terme, ce projet permettrait à des millions d’Africains d’accéder à internet à faible coût.
En 2013, environ 14 millions de dollars ont été investis à Kampala, en Ouganda. Cet investissement a servi en grande partie à développer les infrastructures existantes et à installer 700 kilomètres de fibre optique ont été installés à Kampala. Si Google ne souhaite pas devenir un fournisseur d’accès à internet (FAI), Il souhaite cependant nouer des partenariats avec des entreprises locales. Ainsi, le Project Link a permis à 13 fournisseurs de services internet et opérateurs de téléphonie de déployer la 4G LTE.
Accra, Tema et Kumasi, les plus grandes villes ghanéennes, accueillent elles aussi le Project Link. Selon Google, pas moins de 1000 km de fibres optiques seront prochainement installés. La fin des travaux est prévue au courant 2016.
Pour soutenir le Project Link, Google a lancé Android One. Ce programme vise à fournir à moindre coût (environ 53.000 FCFA), des smartphones aux populations des pays émergents ou en voie de développement. Android One est principalement dédié à l’Asie et à l’Afrique. Le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Kenya, l’Égypte et le Maroc sont les premiers pays africains à en bénéficier.
Un autre programme, le Project Loon en partenariat avec des opérateurs de téléphonie mobile vise cette fois-ci à fournir internet grâce à des ballons qui survoleront des zones difficiles d’accès. Les tests grandeur nature seront effectués au courant de cette année.
Alex Saizonou & Mays Mouissi
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