La baisse des prix du pétrole affecte la croissance des pays de la CEMAC
Estimée initialement à 4.3% pour l’année 2015, le taux de croissance de la CEMAC* a été ramené à 2.5% par le comité de politique monétaire (CPM) de la Banque des Etats d’Afrique Centrale (BEAC). A l’origine de ce recul, la forte baisse des prix du pétrole qui assure une grande part des revenus des pays de la zone et la menace sécuritaire née de la vulnérabilité de certains pays face aux attaques terroristes de Boko Haram. Dans le sillage de la révision à la baisse du taux de croissance annoncés, le CPM anticipe un accroissement du déficit budgétaire et du déficit extérieur courant de la sous-région.
La nécessité de diversifier les économies des pays de la CEMAC
L’activité économique au sein de l’espace CEMAC sera moins performante en 2015 qu’elle ne l’aura été l’année précédente. Le CPM de l’institut d’émission de la zone estime en effet que la croissance du PIB de la CEMAC pour l’année en cours ne devrait pas excéder 2.5%.
5 des 6 pays de la sous-région d’Afrique centrale sont producteurs de pétrole et 4 d’entre eux (le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad) ont développé une forte dépendance économique à cet hydrocarbure. La baisse continue des prix du pétrole amorcée au 3e trimestre 2014 a fait perdre au baril de brut près de 50% de sa valeur. Cela se traduit pour ces pays par un recul des recettes budgétaires, une baisse des investissements et un accroissement du niveau d’endettement.
Au plan macro-économique, le ralentissement attendu en 2015 dans l’espace CEMAC est d’abord la conséquence du faible niveau de diversification observé dans les pays de la zone. Bien que la plupart des pays aient amorcé des processus de diversification, leurs effets sont encore trop timides pour compenser les pertes budgétaires induites par la baisse des cours du pétrole. En dehors du Cameroun, tous les autres pays de la CEMAC demeurent insuffisamment diversifiés.
Le déficit budgétaire de la CEMAC en hausse
Outre le recul de la croissance, le comité de politique monétaire anticipe un accroissement du déficit budgétaire de la sous-région qui devrait s’établir à 4.2% du PIB de la CEMAC. Une prévision inquiétante quand on la met en parallèle avec les critères de convergence économique de la CEMAC qui préconisent de conserver un solde budgétaire strictement positif.
Par ailleurs, le CPM prévoit un déficit extérieur courant représentant 11.4% du PIB sous-régional. Rappelons que les critères de convergences de la CEMAC préconisent un solde extérieur courant positif et supérieur ou égal à 5%.
Quant à l’inflation de la sous-région elle devrait croitre de 2.8% cette année.
Mays Mouissi
* La communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) réunit les 6 pays d’Afrique centrale ayant en partage le Franc CFA. Il s’agit du Cameroun, de la Centrafrique, du Congo, du Gabon, de la Guinée Equatoriale et du Tchad
Sources principales :
– Communiqué du comité de politique monétaire de la BEAC du 26 novembre 2015
– Directive CEMAC du 3 aout 2001