Gabon : L’épargne des citoyens en danger
Global Invest, Magnificat Invest, Promo XS ou BR Sarl Gabon. Ces sociétés collectent l’épargne des gabonais depuis plusieurs mois en leur promettant une rémunération annuelle pouvant aller jusqu’à 300% du capital investi. Ce niveau de rémunération est 75 fois supérieur au taux de rémunération moyen de l’épargne déposée dans les banques commerciales gabonaises qui se situe autour 4% par an. Cet article n’a qu’un seul but, attirer l’attention des autorités gabonaises sur l’éventualité d’escroqueries pyramidales suivant le schéma de Ponzi dont pourraient être victimes les clients de ces sociétés.
Des sociétés exerçant potentiellement dans l’illégalité
L’activité de collecte de l’épargne publique est strictement encadrée par des textes réglementaires applicables à l’ensemble des pays de l’espace CEMAC. En l’espèce, Global Invest, Magnificat Invest, Promo XS ou BR Sarl Gabon n’étant pas des établissements bancaires au sens de l’article 1er du règlement COBAC R-2009/02, leur activité s’apparente plus à celle d’un établissement de microfinance.
L’exercice de l’activité de microfinance sur le territoire de la République gabonaise est encadrée par les dispositions du règlement N°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC. Les dispositions pertinentes de l’article 22 de ce règlement précisent que l’exercice de cette activité est subordonné à une demande d’agrément elle-même consécutive à un avis favorable de la commission bancaire d’Afrique centrale (COBAC). Par ailleurs, l’article 6 du même règlement fait obligation aux établissements agréés d’apposer systématiquement à la suite de leur nom commercial la mention « Etablissement de microfinance ».
Dans le cas des 4 sociétés précitées, nous constatons que la mention « Etablissement de microfinance » n’est jamais adjointe à leur nom commercial. Ce qui laisse à penser que ces sociétés n’ont reçu aucun agrément. Par ailleurs, le communiqué du ministère gabonais de l’économie du 17 novembre dans lequel il dit n’avoir jamais délivré d’agrément à BR Sarl qui depuis a fait faillite vient corroborer notre constat.
Si ces établissements exercent véritablement sans agrément et en l’absence de toute autorisation, il est urgent que le ministère de l’économie et la COBAC agissent pour les fermer sans délai et engager les poursuites judiciaires nécessaires. La sécurité de l’épargne des gabonais en dépend.
Les prémices d’une fraude pyramidale : Il faut protéger les épargnants
Au Gabon, les établissements bancaires classiques servent en moyenne un taux d’intérêt annuel compris entre 4 et 5% sur les dépôts effectués dans leurs comptes épargnes. Dans le cadre de notre analyse nous avons agrégé les taux d’intérêts appliqués par 5 grandes banques commerciales gabonaises. Il en ressort que sur les 5 banques de notre échantillon, la banque qui propose la rémunération des dépôts la plus élevée est ORABANK dont le taux plafonne à 5% sur un an.
Pour juger l’écart entre l’offre des banques classiques et les 4 sociétés identifiées comme exerçant une activité de collecte d’épargne, nous avons agrégé leurs offres et les taux qu’ils promettent au public. Ces sociétés proposent des rémunérations allant de 20% sur 1 mois pour BR Sarl à 325% sur 1 an pour Magnificat Invest.
Il est clair qu’aucun placement en l’état actuel du marché ne peut justifier que Global Invest, Magnificat Invest, Promo XS et BR Sarl Gabon versent ou même promettent à leur client une rémunération 75 fois supérieure à celle des banques. Au contraire, leurs offres ont des allures d’un vaste système de Ponzi (donc une fraude pyramidale) qui entrainera à terme d’importantes pertes pour les épargnants comme c’est déjà le cas pour les clients de BR Sarl. En effet, près de 10 000 clients de BR Sarl ont perdu leur épargne tandis que le Gérant de la structure, M. Yves Mapakou, est en fuite.
Que cette analyse sonne comme un appel.
Monsieur le Ministre de l’économie votre devoir est de protéger les épargnants, vous devez agir sans délai dans ce sens.
A la COBAC, nous rappelons que l’article 58 du règlement N°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC lui donne pouvoir d’agir si une personne agissant pour son compte ou pour le compte d’une personne morale exerçait l’activité d’établissement de microfinance en l’absence d’agrément. Il est de votre devoir d’agir.
Mays Mouissi
Sources principales :
– Des épargnants souhaitant rester anonymes
– Règlement N°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC
– Instruction n°01-15 du 17 septembre 2015 relatives aux sanctions disciplinaires et pécuniaires prononcées par la COSUMAF
– Supports de communication de BR Sarl, Global Invest, Magnificat Invest et Promo XS