Débat : L’Afrique centrale et la corruption
Avec 7 pays parmi les 20 pays les plus corrompus du continent africain en 2014, l’Afrique centrale figure parmi les régions les plus corrompus de la planète selon l’indice de perception de la corruption publié annuellement par l’ONG Transparency international. Bien qu’il existe au sein de chaque pays de la communauté économique des états d’Afrique centrale (CEEAC) des institutions en charge de la lutte contre la corruption, force est de constater qu’elles produisent peu de résultats. Comme pour palier à la corruption qui affecte leurs économies, les 10 pays de la CEEAC ont créé le 8 octobre dernier un Réseau des institutions nationales de lutte anticorruption (RINAC).
Confier l’intégralité de la lutte contre la criminalité financière à une seule institution
L’analyse du dispositif institutionnel de lutte contre la corruption des pays de la CEEAC laisse apparaitre l’existence de plusieurs institutions en charge de lutter contre la corruption mais dont les périmètres d’actions respectifs restent mal définis. Ainsi chaque pays de l’espace régional centrafricain dispose de :
– Une cellule nationale de renseignements financiers, souvent appelée Agence nationale d’investigation financière (ANIF) en charge de lutter contre les flux financiers illicite (intégrant de fait la corruption) et contre financement du terrorisme. Au plan international ces institutions sont affiliées au Groupement d’action financière (GAFI) qui édicte des règles pour organiser la lutte contre le blanchiment des capitaux au niveau mondial.
– Une agence nationale de lutte contre la corruption, en charge elle aussi de lutter contre la corruption.
– Des tribunaux financiers qui jugent entre autres des affaires en liens de corruption.
A travers le RINAC récemment créé, les Etats de le CEEAC ont ajouté une couche institutionnelle supplémentaire alors qu’il aurait peut-être été plus efficace de confier l’intégralité de la lutte contre la criminalité financière et la corruption à une seule institution, en l’occurrence l’ANIF, et dans le même temps accroitre les moyens dont elle dispose pour la rendre plus efficace dans la réalisation de ses missions. Les tribunaux financiers quant à eux n’interviendraient que pour assurer la partie pénale des affaires.
La nécessité d’une volonté politique pour contrer la corruption
La vue des 20 pays réputés les plus corrompus du continent interpelle sur la gouvernance de ces états mais surtout sur la transparence liée aux contrats miniers ou pétroliers signés ou exécutés. En effet, la moitié de ces pays sont producteurs de pétrole où disposent d’importantes concessions minières dont l’attribution est souvent opaque.
Par ailleurs, il est indispensable que les autorités politiques de chaque pays affirment une réelle volonté de lutter contre le fléau que représente la corruption. Cela doit se traduire par une réelle traque des actes de corruption et une répression judiciaire le cas échéant.
Suivez le débat sur la corruption en Afrique centrale organisé dans le cadre de l’émission African News Room (ANR) de la chaine de télévision internationale Africa24.
Les 20 pays les plus corrompus du continent africain
Country Rank | Regional Rank | Country / Territory | CPI 2014 Score |
126 | 28 | Gambia | 29 |
126 | 28 | Togo | 29 |
133 | 30 | Madagascar | 28 |
136 | 31 | Cameroon | 27 |
136 | 31 | Nigeria | 27 |
142 | 33 | Comoros | 26 |
142 | 33 | Uganda | 26 |
145 | 35 | Guinea | 25 |
145 | 35 | Kenya | 25 |
150 | 37 | Central African Republic | 24 |
152 | 38 | Congo Republic | 23 |
154 | 39 | Chad | 22 |
154 | 39 | Democratic Republic of the Congo | 22 |
156 | 41 | Zimbabwe | 21 |
159 | 42 | Burundi | 20 |
161 | 43 | Angola | 19 |
161 | 43 | Guinea-Bissau | 19 |
166 | 45 | Eritrea | 18 |
171 | 46 | South Sudan | 15 |
174 | 47 | Somalia | 8 |
Mays Mouissi
Source principale :
– Indice de perception de corruption (IPC) 2014 de Transparency international