Quelles stratégies des pays de la CEMAC pour attirer les IDE ?
A l’instar des autre pays du monde, les pays d’Afrique centrale réunis au sein de la CEMAC ont défini des stratégies pour attirer les investissements directs étrangers (IDE) nécessaires à l’accélération de leur développement. De 2008 à 2014, le flux d’IDE enregistré par les 6 pays de la CEMAC a progressé de 230% passant de 4.2 milliards USD à 9.7 milliards USD. En dépit de stratégies multiformes déployées par les états pour attirer et diversifier les IDE, force est de constater qu’ils restent pour l’essentiel concentrés dans le secteur primaires.
Flux d’IDE concentré dans le secteur pétrolier
Qu’il s’agisse des plans « Cameroun Vision 2035 », « Congo Vision 2025 », « Plan stratégique Gabon Emergent » ou du « Plan national de développement du Tchad 2013-2015 », les études prospectives et les stratégies de croissance des pays de la CEMAC identifient les IDE comme éléments essentiels à la consolidation d’une croissance de longue durée. Ces programmes, bien que propres à chaque pays dégagent cependant un constat commun : les IDE enregistrés par les pays de l’espace régional se concentrent essentiellement sur les secteurs miniers et pétroliers dont les matières premières extraites sont indispensables pour les pays développés. De fait, bien qu’ils se sont considérablement accrus depuis 2008, les IDE accumulés par le secteur pétrolier n’a que peu d’effet d’entrainement sur les autres pans des économies des Etats.
La République du Congo qui a accueilli plus de 40% des IDE de l’espace CEMAC entre 2008 et 2014 (soit près de 17 milliards USD) voit-il son secteur pétrolier concentrer plus de 70% des IDE reçus par le pays. Le secteur de la construction n’accueille quant à lui qu’une part résiduelle.
Des zones économiques à régime privilégié pour attirer les IDE
Pour attirer les IDE dans d’autres secteurs, les différents pays de la CEMAC ont développé des stratégies pas toujours coordonnées et axées quasi-exclusivement sur l’attraction des IDE non régionaux. Ainsi le Gabon et du Congo ont-ils choisi de créer des zones économiques à régime fiscal privilégié sur le modèle des zones franches des pays d’Asie du Sud-Est.
L’idée sous-jacente à la création de ces zones économiques spéciales était d’encourager l’installation d’entreprises étrangères lesquels seraient incitées par une fiscalité avantageuse. Dans ces deux pays en effet, les opérateurs qui choisissent d’installer leurs activités au sein de zones économiques spéciales peuvent bénéficier d’une exonération décennale de l’impôt sur les sociétés. Cependant, en dépit de ces avantages, les zones économiques à régime privilégié lancées dans ces pays connaissent un succès mitigé. Le nombre d’opérateurs attendu n’a été atteint, ni dans un pays, ni dans un autre (seulement 10% des opérateurs attendus se sont réellement installés à la ZES de Nkok près de Libreville). Par ailleurs, le flux d’IDE attiré par ces zones économiques reste largement inférieur aux attentes.
Au début des années 1990, le Cameroun fut le premier tenté par la création de zones franches sur son territoire. C’est d’ailleurs à ce titre que le pays a défini un cadre réglementaire encadrant la création et le fonctionnement de zones franches (Ordonnance Nº 90/001 du 29 Janvier 1990 ratifiée par la loi Nº 90/023 d’août 1990). Cependant, en dépit de l’existence d’un office national des zones franches industrielles, sa contribution dans l’attraction des IDE reste anecdotique. En dépit de son incontestable place de leader économique sous-régional, le Cameroun n’a réussi à attirer que 3.3 milliards USD d’IDE en 7 ans, soit à peine 7.9% des IDE en zone CEMAC sur la période. Un volume d’IDE au Cameroun demeure ainsi inférieur à ceux du Congo, de la Guinée Equatoriale et du Gabon.
La nécessité d’améliorer l’environnement des affaires
Fort de ce constat, les autorités camerounaises ont profité de l’élaboration du plan « Cameroun Vision 2035 » pour redéfinir leur stratégie de captation des IDE. Cette stratégie qui est un sous-chapitre de la stratégie nationale de mobilisation des ressources repose sur l’amélioration des infrastructures, l’accroissement des partenariats public-privé ainsi que le renforcement de la gouvernance, du système judiciaire et de la sécurité des biens et personnes. Par ailleurs, la stratégie camerounaise ambitionne de tirer profit de l’intégration régionale et de sa proximité avec le géant nigérian qui pourrait constituer un débouché naturel pour l’écoulement des produits issus de l’industrie camerounaise. Une stratégie que partage d’autres pays de la région.
Entre 2010 et 2014, le volume d’IDE enregistré par le Tchad s’est progressivement accru pour s’établir à 0.76 milliards USD en 2014, le plaçant désormais devant le Cameroun. Le Tchad comme le Gabon et le Congo ont profité l’afflux d’investissements dans les secteurs des hydrocarbures tirés par les cours élevés pendant cette période.
Seul pays de la CEMAC ayant enregistré un repli massif des IDE, la Centrafrique subit le contrecoup de son instabilité politique et militaire qui a eu pour effet de désorganiser l’appareil de l’Etat. Entre 2008 et 2014, le volume d’IDE enregistré par le pays s’est dégradé de 3800%. Le volume d’IDE est ainsi passé de 117 millions USD à 3 millions USD.
Mays Mouissi
Sources principales :
– Données statistiques de la Banque mondiale sur les IDE en Afrique ;
– Plan stratégique Gabon Emergent ;
– plan « Cameroun Vision 2035 » ;
– Plan « Congo Vision 2025 » ;
– Plan national de développement du Tchad 2013-2015.
Bonjour, j’aime tous les documents traitant la stratégie de la CEMAC et le conflits politiques des pays qui la composent.