Economie : Nigéria, le pays de tous les paradoxes
Première puissance économique et démographique d’Afrique avec un PIB de 521,8 milliards USD et une population de 177 millions d’habitants en 2014, le Nigeria est sans conteste un pays de paradoxes. Riche de son pétrole, le Nigeria est pourtant frappé par un chômage de masse qui touche le quart de sa population active. En dépit de ressources financières parmi les plus importantes du continent, le pays a échoué à assurer la sécurité à l’intérieur de ses frontières au point de laisser s’y installer le groupe terroriste Boko Haram. Par ailleurs, le Nigeria est régulièrement cité parmi les pays les plus corrompus de la planète, de quoi freiner l’attrait des investisseurs pour ce pays dont on ne cesse de vanter le potentiel.
7.8% de croissance moyenne annuelle depuis 2000
Avec une production de brut quotidienne de 1,8 million de barils en 2014, le Nigeria se hisse à la première marche du podium africain et au onzième rang mondial des producteurs du pétrole. Grâce à la bonne tenue des cours du pétrole ces quinze dernières années, le pays a attiré de nombreux investisseurs et accru son influence au point de devenir la première puissance économique du continent devant l’Afrique du Sud. Malgré un climat sécuritaire délétère marqué notamment par la présence de groupes armés qui sévissent dans le Delta du Niger et la montée en puissance du groupe djihadiste Boko Haram, l’économie Nigériane n’a cessé de croitre.
De 2000 à 2014, la richesse nationale du Nigéria a progressé de 7.8% en moyenne chaque année pour s’établir à 522 milliards USD (311 312 milliards FCFA). Toutefois, ces performances économiques ne peuvent occulter la réalité sociale du pays. En effet 70% des nigérians vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le pays enregistre un déficit d’infrastructures dans les secteurs prioritaires (éducation, santé, routes, aéroport etc.).
Au plan sécuritaire, la présence de groupes terroristes dans les états du nord du pays ont fini par asphyxier ces régions qui se retrouvent partiellement coupées du reste du territoire créant ainsi une crise humanitaire.
La corruption, un fléau national
Autre fléau de l’économie nigériane, la corruption. Le pays est en effet privé de ressources financières évaluées à plusieurs milliards USD en raison de la corruption massive qui le gangrène. Souvent citée dans des scandales de cette nature, la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC) en est la parfaite illustration. En effet, entre 2012 et 2013, la NNPC, compagnie pétrolière nationale, a été au cœur d’un scandale financier après la découverte d’un trou de 49 milliards USD dans ses comptes. Sur les deux exercices comptables, la NNPC aurait enregistré 65,3 milliards USD de revenus de grâce à la vente de pétrole brut, mais n’aurait reversé que 24% du produit des ventes à l’Etat fédéral.
Le laxisme du précédent gouvernement (de l’ancien Président Goodluck Jonathan) face à ce fléau a régulièrement été dénoncé par les organismes internationaux notamment les institutions de Bretton Woods et les ONG qui luttent pour la transparence. L’avènement de nouvelles autorités à la tête du pays conduites par le Président Muhammadu Buhari pourrait permettre le renforcement de la lutte contre la corruption dans le pays. La dissolution du conseil d’administration de la NNPC le 30 juin dernier par le nouveau président nigerian est interprétée comme le début d’une série d’action contre la corruption dans le pays.
Alex Saizonou & Mays Mouissi