L’énergie, l’autre frein à l’industrialisation du Gabon
Le 12 juin, le Gabon a inauguré à Moanda (Sud-Est), un complexe métallurgique qui permettra de transformer localement une partie de son minerai de Manganèse. Les 2 usines du complexe, qui transformeront moins de 10% de la production nationale de manganèse absorberont à elles seules 80 Mégawatts d’électricité soit 16% de la puissance électrique installée dans tout le pays.
Entre transformation des matières premières et déficit énergétique
Deuxième producteur mondial de manganèse à haute teneur et disposant du plus grand gisement de fer inexploité de la planète (plus d’un milliards de tonnes de réserves de fer dont la teneur s’élèverait à 64% dans le Nord-Est), le Gabon dispose d’un potentiel naturel pour le développement d’industries métallurgiques fortement pourvoyeuses d’emplois. Bien que certains observateurs remettent en cause, le bien-fondé de l’industrialisation de la filière du manganèse en raison notamment de la baisse des prix de la matière première à l’international, il apparait absurde de mettre en rapport la volonté d’un Etat de transformer ses ressources avec une donnée conjoncturelle comme les prix.
S’il est incontestable que la transformation des ressources naturelles du Gabon est indispensable pour son développement, le principal frein réside dans la faiblesse de la production énergétique du pays. En dépit de ses prédispositions et de la volonté affichée par les autorités de transformer su place l’intégralité des ressources naturelles du pays, le Gabon en est aujourd’hui incapable.
En effet la puissance électrique du Gabon (seulement 500 Mégawatts), ne permet pas de réaliser une telle ambition. De fait, même si le Gabon parvenait à doubler sa production d’électricité, il ne serait toujours pas capable de transformer l’intégralité de son manganèse. L’éventualité d’une future la transformation du minerai de fer est soumise à la même contrainte.
Des investissements énergétiques interrompus pendant des années
La contrainte énergétique à laquelle le Gabon est confronté trouve son origine dans l’absence d’investissements structurants dans le secteur pendant de nombreuses années. Malgré un potentiel hydroélectrique prouvé de 6 000 mégawatts, plus de 93% de ce potentiel reste totalement inexploité.
Par ailleurs, les projets de barrages hydroélectriques que les autorités disent vouloir construire à court terme dans le pays restent modestes. Ils se résument à 2 barrages principaux dans les villes de Fougamou (Sud) et Mitzic (Nord) d’une capacité additionnée de 122 mégawatts. Une production bien modeste quand on se rappelle que le seul complexe métallurgique de Moanda a besoin de 80 mégawatts pour fonctionner. Développer des clusters énergétiques sur le territoire s’avère donc indispensable pour accompagner l’installation d’éventuelles industries de transformation aussi bien dans les mines, dans les secteurs miniers et pétroliers ainsi que dans la foresterie.
Sur un autre plan, le Gabon dispose à ce jour de 3 réseaux électriques, lesquels ne sont pas interconnectés. Il en résulte qu’une défaillance observée sur l’un des réseaux, ne peut être supplée par l’apport d’un autre réseau.
De fait, au Gabon plus qu’ailleurs, la résorption du déficit énergétique est un préalable au développement d’industries de transformation sur l’ensemble du territoire du Gabon.
Mays Mouissi