Afrique : Le recours à l’endettement pour contrer la chute des prix du pétrole
Les ressources publiques des pays pétroliers d’Afrique sont fortement affectées par la chute des prix du pétrole. Alors qu’il s’échangeait encore à plus de 100 USD en septembre 2014, le baril de brut ne s’échange plus qu’à 59 USD sur la place financière de New York. Dans la foulée de la baisse des prix du pétrole, les principaux états pétroliers d’Afrique ont annoncé une réduction des dépenses de l’Etat. Cependant, l’ampleur de la baisse les oblige à recourir à l’endettement pour des montants importants. C’est le cas, notamment du Nigeria, de l’Angola et du Gabon.
Nigeria : Un faible taux d’endettement et d’importantes réserves extérieures
Le Nigeria, première puissance économique africaine et premier producteur de pétrole du continent est aussi la principale victime de la chute des prix des hydrocarbures. Les projections budgétaires de l’état fédéral pour l’exercice 2015 ont déjà fait l’objet de 3 révisions. Cependant, avec une dette contenue à 11% de son PIB en 2014, le Nigéria dispose d’une large capacité d’endettement.
Les autorités nigérianes ont annoncé disposer d’une ligne de crédit de 4.4 milliards USD dont la moitié a déjà été absorbé pour partie par le règlement des salaires dans l’administration publique. Pour faire face à la chute des prix du pétrole le Nigeria peut également compter sur les réserves extérieures de la Central Bank of Nigeria (CBN) s’élevant à 29.4 milliards USD. Cependant, si la baisse des prix des hydrocarbures devait se poursuivre, ces réserves ne suffiraient pas à couvrir les besoin de financement du Nigéria.
Angola : Déjà 2.5 milliards de dette en 2015
En Angola, le gouvernement anticipe un déficit budgétaire de 10.11 milliards USD en 2015. Pour combler ce déficit né de la baisse des revenus pétroliers, l’Angola a choisi de recourir à l’emprunt. Depuis le début de l’année l’Angola prévoit de financer son déficit budgétaire par la dette. L’Angola a déjà souscrit 2.5 milliards USD de dette sous la forme d’une émission obligataire européenne (Eurobond de 1.5 milliards USD) et d’un prêt bilatéral de la banque mondiale de 1 milliards USD. Par ailleurs, l’Angola a déjà annoncé s’être accordé avec la Chine qui financera des emprunts à venir.
Gabon : déjà près de 400 milliards de dette supplémentaire en 2015
Au Gabon, autre pays pétrolier d’Afrique, la baisse des cours du pétrole a conduit le gouvernement à réaliser dans l’urgence un collectif budgétaire. La loi de finances rectificative 2015 a enregistré une baisse 422 milliards FCFA par rapport au budget initial. Les projections du document sur la stratégie d’endettement de l’Etat accompagnant le projet de loi de finances 2014 plafonnaient à 632 milliards FCFA l’endettement de l’Etat pour l’exercice budgétaire 2015. Cependant, la tendance d’endettement de l’Etat gabonais depuis le début de l’année laisse penser que ce plafond ne sera pas respecté.
Le 9 juin dernier, le Gabon a émis un Eurobond de 500 millions EUR (320 milliards FCFA) souscrit entièrement. Cette Eurobond vient à la suite d’une série d’émission de bons du Trésor sur le marché local et d’emprunts bilatéraux auprès de la Banque islamique de développement (BID) et de la BIRD.
Mays Mouissi
Sources principales :
– Loi de finances 2015 de l’Angola
– Loi de finances 2015 du Gabon
– Stratégie d’endettement de l’Etat en 2014 du Gabon