L’incroyable bilan de Donald Kaberuka à la tête de la BAD
10 ans à la tête de la BAD ont suffi au Rwandais Donald Kaberuka pour transformer cette banque et faire d’elle l’institution financière la plus prestigieuse du continent africain. Avec un capital 101.4 milliards USD, le triple de celui qu’il trouva lorsqu’il prit la tête de l’établissement en 2005, la BAD est une banque à la fois solide et crédible.
Des résultats financiers impressionnants
Bénéficiant de la confiance des marchés internationaux, notée AAA par l’agence de notation Fitch Rating, la BAD impressionne par ses chiffres :
– 21 milliards d’UC * de total bilan en 2013 (13.8 milliards USD) ;
– 5.8 milliards d’UC de capitaux propres la même année (3.8 milliards USD) ;
– 72,8 millions d’UC de résultat net soit 48 millions USD.
L’analyse des profils de risque de l’encours de prêts sous garantie souveraine et non souveraine permet d’observer une autre réussite de Donald Kaberuka. En effet, entre 2008 et 2013, la BAD a réduit l’exposition au risque de son portefeuille sur les 2 lignes de prêts. Ainsi observe-t-on que l’encours dont le risque est dit « Très élevé » est passé de 8 à 1% sur la période sur le segment des prêts à garantie souveraine. Sur les crédits non souverains, la proportion d’encours dont le risque est « Très élevé » est restée limitée à 2%. De fait ces chiffres traduisent une gestion des risques particulièrement prudente au sein de la banque.
Renforcement du FAD et maintien du FSN
Autre point positif dans le bilan de Donald Kaberuka, la 12e reconstitution triennale du fonds africains de développement (FAD). En effet en 2010 la BAD a réussi à mobiliser 9.5 milliards USD de ressources pour alimenter le FAD. Un montant record, jamais atteint auparavant pour le fonds dont l’objectif est d’octroyer des financements concessionnels à 40 pays africains pour la mise en œuvre de projets et de programmes souvent à impact régional.
Par ailleurs le fonds spécial du Nigeria (FSN) géré par la BAD et dont l’objectif est de financier des projets dans les pays d’Afrique dont les revenus sont les plus faibles fut prolongé pour 10 ans en 2008. Bien que son capital ne s’élève qu’à 71 millions USD, les ressources du fonds atteignent 241 millions USD. Ainsi rien qu’en 2013, le FSN a financé des projets à hauteur de 39 millions USD.
Très impliquée dans la réduction du déficit énergétique sur le continent, la banque a financé des projets dans le secteur pour près de 2 milliards USD sur la seule année 2014
Une stratégie déjà définie pour l’avenir
Sous le magistère de Donald Kaberuka, la banque a notablement accru le nombre de ses représentations dans les différents pays du continent passant de 4 en 2006 à 36 en 2013. Il faut souligner que cette volonté de rapprocher la BAD de ses pays d’interventions s’est traduite par une augmentation des charges salariales et de fonctionnement (les effectifs de la banque sont passés de 1006 à 1950 entre 2003 et 2015). Cependant cette progression doit être mise en perspective avec l’évolution qu’a connue la banque sur cette période et qui impliquait nécessairement un accroissement des effectifs.
Donald Kaberuka quitte la BAD en y laissant une stratégie décennale couvrant la période 2013 – 2022 et définissant 5 priorités opérationnelles pour la banque :
– Développement des infrastructures ;
– Intégration économique régionale ;
– Développement du secteur privé ;
– Gouvernance et responsabilisation ;
– Qualifications et technologies.
Par ailleurs, prenant en compte la situation particulière du continent africain au sein duquel on peut trouver de grandes disparités économiques entre les pays, la stratégie décennale de la BAD a identifié 3 domaines d’interventions particuliers qui concernent :
– Les états fragiles d
pour lesquels l’action de la BAD pourrait renforcer fortement l’économie ;
– L’agriculture et la sécurité alimentaire dans le but d’accroitre la production agricole et la compétitivité des Etats ;
– Le genre afin de favoriser entrepreneuriat féminin au sein du continent.
Comme un héritage pour son successeur qui sera choisi parmi les 8 candidats qui se sont déclarés ce 28 mai à Abidjan (Côte d’Ivoire).
Mays Mouissi
* La comptabilité de la BAD qui était établi jusqu’en 2005 dans la monnaie des pays actionnaires, est désormais établie en unité de compte (UC). Le benchmark de l’UC de la BAD est le droit de tirage spécial (DTS) du FMI. 1 UC = 1 DTS or au 27 mai 2015 1 DTS = 0.66 USD <=> 1 UC = 0.66 USD
Sources principales :
– États financiers et rapport du commissaire aux comptes Exercice clos le 31 décembre 2013 – BAD
– « Au centre de la transformation de l’Afrique Stratégie pour la période 2013-2022 » BAD 2013
– Présentation financière BAD – 2010
Donald Kaberuka est un cadre africain qui a mis ses compétences au service de l’Afrique. Bravo pour cette perle rare.