CEEAC : L’état des routes – l’autre frein à l’intégration régionale
En janvier 2004 les 10 chefs d’Etats de la communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC)* adoptèrent un Plan Directeur Consensuel des Transports en Afrique Centrale (PDCT-AC) lequel se déclinait en 5 projets :
– 44 projets routiers à impact régional d’un linéaire de 5 906 Km ;
– 3 projets ferroviaires d’un linéaire cumulé de 2 000 Km ;
– 6 projets portuaires et maritimes ;
– 1 projet fluvial et lacustre ;
– 1 projet aérien.
Routes asphaltées : Quelle proportion du réseau principal ?
Plus d’une décennie après l’adoption de ce plan, l’Afrique centrale reste pourtant la région d’Afrique où le taux de bitumage des routes est le plus faible. En effet, sur le réseau principal, la densité est de 2.2 Km de routes pour 100 Km². Sur le réseau bitumé, la densité routière de l’espace CEEAC n’est que de 0.3 km pour 100 km².
En Afrique centrale, moins de 15% du réseau routier principal est asphalté. D’importantes disparités sont observées entre les différents pays de la région. Ainsi alors que près de 67% du réseau routier principal de la Guinée Equatoriale est revêtu, la RD Congo, l’Angola, la Centrafrique, le Cameroun et le Gabon n’ont toujours pas atteint 20% de routes bitumées.
Bien que les pays d’Afrique centrale accusent un déficit d’infrastructures routières, des efforts ont été consentis au cours dernières années pour pallier ce manque. Avec le soutien de la Banque Africaine de développement (BAD), des 8e, 9e et 10e Fonds Européens de développement (FED) et de la chinoise Exim Bank des travaux ont été engagés sur de nombreux axes routiers structurants au plan régional. En dépit de ces efforts, seules 2 liaisons inter-capitales sur 14 étaient entièrement bitumées en 2010 selon la Commission économique pour l’Afrique (CEA). Il s’agit des liaisons Yaoundé – Bata et Yaoundé – Libreville.
Un frein à l’intégration régionale
Le faible nombre de liaisons routières intra-régionales constitue l’un des principaux freins à l’intégration et aux échanges dans l’espace de la CEEAC. Cette communauté économique reste en effet la moins intégrée du continent africain. Un paradoxe au regard notamment des richesses pétrolières et minières de la région.
Le commerce intra-regional est quasiment inexistant, le potentiel du marché régional est sous-utilisé. En l’absence de voies de communication viables utilisables en tout temps et toutes saisons, l’intégration des peuples accuse un important retard. Les peuples de la communauté se fréquentent peu. Ainsi observe-t-on que les mouvements de populations entre le Gabon et l’Angola ou le Tchad et le Burundi sont d’un niveau négligeable. La communauté n’arrive pas à capitaliser le fait que les peuples de l’espace régionale ont un socle historique et culturel commun puisque tous Bantous.
De fait, l’existence de routes de bonne qualité permettant de relier les différents pays est un préalable à l’intégration et au développement de la CEEAC.
Mays MOUISSI
* La CEEAC, composante centrafricaine de la Communauté économique africaine (CEA) regroupe l’Angola, le Burundi, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la RD Congo, Sao-Tome et le Tchad.
Sources principales :
– Rapport sur la mise en œuvre des initiatives sous-régionales en Afrique Centrale – Cas du Plan Directeur Consensuel des Transports en Afrique Centrale – CEA (Janvier 2015)
– Plan directeur routier du Cameroun (février 2006) et pointage routier de 2009
– Fiche de Projet n°3.2 : Aménagement et bitumage du tronçon de la RN11 : Kinyinya-Cankuzo (65km)
– Les cahiers de l’émergence – Infrastructures : Routes et Transports (Juin 2013)
– Réseaux de transports en République du Tchad (2011)
– Document de stratégie pays et Programme indicatif national pour la période 2008 – 2013 (Sao – Tome)