CEEAC : L’intégration économique et régionale toujours attendue
Le continent africain est partagé en 8 communautés économiques régionales devant se fondre à terme dans un espace commun dénommé Communauté économique africaine (CEA). La Communauté économique des états d’Afrique centrale (CEEAC) conduit la politique d’intégration des nations et des peuples en Afrique centrale. Après 32 ans d’existence quel bilan ?
La CEEAC, un incroyable potentiel encore inexploité
La CEEAC est l’espace économique régional regroupant les 10 pays d’Afrique centrale (Angola, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, RD Congo, Sao-Tome et Tchad). Les limites géographiques de la CEEAC se confondent à celle du bassin du Congo. En conséquence la CEEAC peut se prévaloir de disposer de la 2e réserve forestière de planète après l’Amazonie et de concentrer via ses pays membres l’essentiel du potentiel hydro-électrique d’Afrique soit 60%.
Avec un PIB de 253.5 milliards $ en 2013, l’économie globale de la CEEAC est essentiellement portée par les revenus pétroliers dont elle reste dépendante. La communauté dispose en effet de réserves prouvées estimées à 31.3 milliards de barils soit 28% des réserves continentales. Le potentiel minier de la communauté est également immense. De fait, la région est très sensible aux chocs exogènes compte-tenu de la structure de son économie. En dépit de ses atouts naturels, la CEEAC demeure une région atone. C’est l’espace économique régionale le moins intégré du continent africain.
La CEEAC souffre d’un déficit infrastructurel et de la faible connexion entre les réseaux de transports existant dans ses pays membres. Ce déficit de connexions intra-régionales entrave les échanges commerciaux entre les pays de la région. La CEEAC est ainsi la région africaine où le commerce intra-régional est le plus faible.
Au plan économique, la communauté régionale ne dispose pas de mécanismes de convergence des politiques macro-économiques des états-membres dont les benchmarks divergent. Il faut cependant relever que 6 des 10 états membres de la CEEAC appartiennent à une sous-région monétaire dénommée Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) qui elle dispose de critères de convergence économique.
L’existence de multiples barrières tarifaires et non tarifaires au sein de la région constituent également l’un des principaux freins au développement des échanges intra-regionaux entre des pays qui auraient tout intérêt à renforcer leur coopération économique.
Du retard dans l’intégration des peuples
La CEEAC a également pris du retard dans l’intégration des peuples. Souvent annoncée mais jamais réalisée, la libre circulation des personnes et des biens marchands et non-marchands reste une chimère. Les peuples de la communauté se fréquentent peu. Ainsi observe-t-on que les mouvements de populations entre le Gabon et l’Angola ou le Tchad et le Burundi sont d’un niveau négligeable. La communauté n’arrive pas à capitaliser le fait que les peuples de l’espace régionale ont un socle historique et culturel commun puisque tous Bantous.
La situation sociale au sein de l’espace CEEAC est également alarmante. En 2013, 45 % des 146 millions d’habitants de la région vivaient avec moins d’un dollar par jour. Malgré un PNB par habitant supérieur à 6 000 € et parmi les plus élevés en Afrique, le marché du travail de la CEEAC éprouve d’énormes difficultés pour absorber le million de diplômés qui sort chaque année des universités et des grandes écoles. Dans la plus part des pays membres, l’Etat est encore le principal employeur et le secteur privé subit un environnement des affaires contraignant.
La CEEAC étant une région structurante dans la construction et de l’intégration africaine, des efforts doivent être consentis pour matérialiser la vision commune des états, construire un destin commun aux nations, favoriser les échanges intra-régionaux et l’intégration des peuples en rendant effective la libre circulation des personnes et des biens.
Mays Mouissi
Sources principales :
– Document de stratégie d’assistance à l’intégration régionale (DSAIR) pour l’Afrique centrale 2011 – 2015 de la Banque Africaine de développement (BAD)
– Database de la Banque mondiale pour les agrégats économiques