Guinée Équatoriale : Entre succès économiques et pauvreté endémique
Avec une superficie de 28 051 Km² et une population d’à peine 757 000 habitants en 2013, la Guinée Équatoriale réunit tous les contrastes. Admirée par ses voisins pour ses progrès rapides notamment dans le domaine des infrastructures, la Guinée Équatoriale reste pourtant affectée par la pauvreté qui touche 76.8% de sa population (source Banque mondiale). Entre 2008 et 2012, le pays a réussi à faire progresser le taux de scolarisation dans le primaire de 85 à 91%, mais seule 42% de sa population rurale a accès à l’eau potable. Analyse des indicateurs économiques d’un pays plein de contradictions.
Guinée Équatoriale : un PIB/habitant équivalent au Portugal
La Guinée Équatoriale est théoriquement l’un des pays les plus riches d’Afrique. En 2013, son PIB par habitant de 20 582 $ se confondait à ceux de la Grèce et du Portugal. Même s’il est vrai que la faible démographie favorise un PIB/habitant élevé, il faut bien reconnaitre qu’il s’agit d’une performance pour un pays d’Afrique subsaharienne.
Le secteur des infrastructures est celui dans lequel la Guinée Équatoriale a réalisé les progrès les plus spectaculaires. En effet sur les 2 700 Km de routes que compte le pays (dont seulement quelques centaines étaient asphaltées il y a quelques années), 1 800 Km sont aujourd’hui bitumées soit près de 67% de l’ensemble du réseau. La Guinée Équatoriale se retrouve ainsi avec un meilleur réseau routier que tous ses voisins parmi lesquels le Gabon qui peine à atteindre les 1 500 Km de routes bitumées et le Cameroun dont le réseau routier carrossable en tout temps et toutes saisons ne dépasse pas les 25%.
Au plan financier, la Guinée Équatoriale est devenue le pays de l’espace de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) qui accumule le plus de réserve à la banque centrale (BEAC) dont il a d’ailleurs réussi à obtenir le poste de gouverneur jusque-là toujours occupé par le Gabon.
Au plan sanitaire le pays a également réalisé de grandes avancées notamment dans la réduction de la mortalité infantile, ainsi entre 2005 et 2013 le taux de mortalité infantile est passé de 123 à 95 pour 1000.
L’autre Guinée Équatoriale : Pauvreté, faible espérance de vie, environnement des affaires dégradé etc.
Même s’il faut apprécier chacun des progrès réalisés par la Guinée Équatoriale, il ne faut cependant pas ignorer la pauvreté et ses excroissances dont souffre une grande partie de la population. L’espérance de vie à la naissance en Guinée reste bloquée à 53 ans ce qui tend à démontrer des défaillances dans le système de santé du pays auquel les populations économiquement faibles n’ont pas toujours accès.
Par ailleurs, la richesse nationale reste mal répartie comme dans les pays voisins. Seulement 30% de la population équato-guinéenne a accès au service public d’électricité.
Même s’il reste moins élevé que dans les pays voisins, le taux de chômage de la population active est passé de 6.9% en 2011 à 8% en 2013. Il continue de s’accroitre à mesure que la croissance du pays baisse. Depuis mi-2012 en effet, la Guinée Équatoriale est rentrée en récession. Son taux de croissance est passé de 17% en 2005 à -5% en 2013. L’économie du pays, peu diversifiée, est entièrement dépendante des revenus pétroliers et peu résiliente aux chocs exogènes.
L’environnement des affaires constitue également l’une des faiblesses de la Guinée Équatoriale. Le pays occupe la 165e place sur 189 au classement Doing Business 2015 (qui mesure la qualité de l’environnement des affaires des pays dans le monde) loin derrière des pays comme le Rwanda 46e. A l’occasion de ce classement la Banque mondiale avait enregistré des régressions dans le process de création d’entreprise, des difficultés pour se raccorder à l’électricité ainsi que des difficultés dans le transfert de propriété.
Si la Guinée Équatoriale par ses infrastructures présente désormais le meilleur visage dans l’espace CEMAC, il lui reste à faire pleinement profiter ses populations des richesses de ce formidable pays. La démocratie, la transparence et le pluralisme sont des progrès que la Guinée Équatoriale se doit aussi de réaliser.
Mays Mouissi
Bonjour Monsieur MOUISSI,
Cette analyse correspond parfaitement à mon besoin.
par contre je suis très surpris par deux choses:
– la première est l’évolution du taux de croissance, la baisse du prix du baril peut elle expliquer ce gap de -22% en 8 ans ?
– la deuxième est l’évolution du taux de chômage, je pensais que les nombreux chantiers encours créeraient des emplois directs ou indirects
Deux indications qui donne à penser que la diversification de l’économie de ce pays n’est pas encore acquise. Toutefois, taux de scolarisation et les projets dans le domaine de l’éducation reste encourageant.
Près de 1700 de KM bitumés en 15 ans contre près de 1500 en plus de 50 ans (pour le Gabon)…c’est choquant.
Merci et bien à vous.
Bonjour M. BISSIE MEYO,
Si les 15% de croissance enregistrée par la Guinée Équatoriale en 2005 résulte directement de l’exploitation pétrolière, je ne sais pas dire si la récession dans laquelle elle se trouve est la conséquence de la chute du prix du pétrole.
Il faut pour cela analyser l’ensemble des facteurs structurants de son économie. Cela fera peut-être l’objet d’une analyse complémentaire.
MM
J’admire le sens pratique de la plannification de cette nation soeur. Il n’y’a pas plus grande richesse que de donner l’education. Claude SHANNON a bien demontre dans le Loi de l’Entropie que la plus grande concentration d’energie se trouve dans l’information. C’est ainsi qu’une banque de donnees est de loin plus importante qu’une cagnote de banque traditionelle.
Mays c’est le congo brazza qui a les plus grosses reserves de changes à la BEAC
Vous avez raison. J’ai par erreur inversé le solde global du compte d’opérations du Congo et de la Guinée Equatoriale.
Au 31/12/2012 les soldes des Etats membres de la CEMAC étaient les suivants :
– Congo 2 164 milliards FCFA
– Guinée Equatoriale 1 722 milliards FCFA
– Cameroun 1 334 milliards FCFA
– Gabon 802 milliards FCFA
– Tchad 457 milliards FCFA
– Centrafrique 60 milliards FCFA
Merci de votre contribution.
Cordialement.
MM