Gabon : Imposition des particuliers et injustices fiscales
La collecte de l’impôt est un élément central du dispositif de financement de l’Etat. L’impôt est la contribution des citoyens et des entreprises au financement des charges publiques. Au Gabon, le Code général des impôts directs et indirects (CGIDI) distingue 3 grandes familles de retenues fiscales :
– Les impôts sur les bénéfices et revenus
– Les taxes sur le chiffre d’affaires
– Les impôts et taxes divers
Les impôts sur les bénéfices et revenus concernent à la fois les particuliers et les entreprises. Cet article sera consacré uniquement aux impôts des particuliers.
Les impôts des particuliers au Gabon
Le régime d’imposition des particuliers en République gabonaise est défini au Titre deuxième du CGIDI dont les articles 34 et 35 disposent que les personnes physiques qui ont leur résidence ou leur lieu de séjour principal au Gabon sont redevables de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP). Au sens de la Loi, l’IRPP frappe le revenu net global des contribuables et la notion de revenu intègre 6 paramètres :
– Les traitements, salaires, indemnités, émoluments, pensions, et rentes viagères ;
– Les revenus de capitaux mobiliers ;
– Les bénéfices des activités industrielles, commerciales et artisanales ;
– Les bénéfices des professions non commerciales et revenus assimilés ;
– Les bénéfices de l’exploitation agricole.
On peut observer que la notion de revenus ne se limite pas uniquement aux salaires et traitements mais s’étend à toutes les rentrées financières enregistrées par le contribuable sur l’année.
Les citoyens inégaux devant l’impôt
Au Gabon les salaires, pensions et rentes viagères font l’objet d’une retenue de l’impôt à la source (art. 84-1 du CGIDI). Ainsi les salariés légalement déclarés, peu importe leur niveau de revenu, paient ce qu’il convient de nommer impôt sur les salaires. Dans le cas où le salaire est l’unique revenu du contribuable, l’impôt sur les salaires se confond avec l’impôt sur le revenu.
Lorsque le contribuable dispose de revenus en plus ou autres que les revenus salariaux, les dispositions de l’article 84-2 du CGIDI le contraignent à effectuer une déclaration de revenu individuelle aux services fiscaux afin de s’acquitter de la part de l’impôt relative à ces revenus non-salariaux. L’injustice fiscale nait du fait qu’au Gabon, personne ou presque ne fait cette déclaration d’une part et les services du fisc ne sont pas à mesure d’identifier tous les contribuables et l’ensemble de leurs sources de revenus d’autre part.
Ainsi peut-on constater que les contribuables qui ont pour seul revenu leur salaire ou leur pension de retraite (et dont on peut penser qu’ils sont les moins aisés) paient l’intégralité de leur impôt sur le revenu. A l’inverse ceux qui en plus de leur salaire possèdent des biens immobiliers locatifs, tirent bénéfices de revenus agricoles, d’activités industrielles ou commerciales ne sont pas ou imposés sur la totalité de leur revenus. Cela a pour effet de rompre le principe d’égalité des citoyens devant l’impôt consacré par l’article Premier alinéa 20 de la Constitution du Gabon.
Des sanctions inapplicables
Des sanctions sont pourtant prévues à la Section III du Titre deuxième du CGIDI, mais celles-ci ne peuvent être appliquées puisque l’administration fiscale a beaucoup de peine à identifier les contribuables et l’étendue de leurs revenus.
Par ailleurs, le fait que les contribuables qui ont des sources de revenus diversifiées ne soient pas soumis à l’impôt sur l’intégralité de leurs revenus entraine une perte financière non-compensée pour le budget de l’Etat.
A plan moral, est-il acceptable que ceux qui gagnent plus contribuent moins que les autres, en proportion de leurs revenus, au financement des charges publiques ?
Mays Mouissi
Document principal de référence :
Très instructif. J’ignorai qu’il y avait d’autres impôts sur les particuliers en dehors de ce qu’on nous prélève sur les salaires.
Franchement bravo pour votre initiative
Je me suis toujours demandé si la fiche bleu (ID06) était réellement traité et à quoi peuvent servir tous les inspecteurs d’impôts qui sortent à chaque promotion de l’ENAREF. Dans tous les cas il s’agit d’une vrai injustice d’une part et de vrai déficit pour l’état dans le recouvrement de ‘l’impôt d’autre part.
Merci encore Monsieur MOUISSI.
article tres instructif,tres bonne analyse Mr MM
Pour votre gouverne, le CGIDI a été abrogé depuis 2008 au profit du CGI qui est en vigueur actuellement. Cette abrogation était rendue nécessaire du fait de la fusion depuis 2002 de l’ancienne Direction Générale des contributions direct et indirect et de celle des domaines en une seule entité la DGI. Félicitation toutefois pour la problématique que vous posez et pour votre site en général. Merci
Merci. Cette information nous avait déjà été remontée.
Nous essayons d’ailleurs d’entrer en possession du nouveau Code Général des impôts que nous avons toutes les difficultés du monde à l’avoir en version électronique.
Si vous le possédez nous sommes naturellement preneur.
Merci.
Cordialement.
MM
bonjour, allez le télécharger sur le site http://www.dgi.ga; c’est le site officiel de la Direction Générale des Impôts. vous y trouverez bien d’autres infos utiles également
Bonjour,
Sauf erreur de ma part, le site de la DGI ne propose aucun lien de téléchargement du code général des impôts.
Cordialement.
MM
Nous sommes en 2015 et depuis 2009 nous sommes passés à un nouveau Code Général des Impôts. Le Code général des impôts directs et indirects n’est plus d’actualité
Les articles du CGI sont disponibles sur le site de la DGI mais non téléchargeables. A savoir: ces articles évoluent parfois avec les lois de finances. En effet, le Code peut être réformé chaque année fiscale par la loi de finances et cela a été le cas en 2010, 2013 et 2014 notamment. Donc en plus d’avoir le CGI il faut avoir les lois de finances pour savoir quelles sont les dispositions dudit CGI
Bonjour Orly,
Merci pour ce message. Un de nos lecteurs vous a précédé pour signaler l’obsolescence de Code général des impôts directs et indirects du Gabon dans la version que nous proposons en téléchargement.
Nous essayons d’ailleurs en vain d’obtenir la version actualisée du code général des impôts (CGI), les articles présents sur le site de la DGI n’étant que très parcellaires.
Concernant les modifications du CGI intervenant dans les lois de finances, nous les prenons régulièrement en compte dans nos analyses sur le Gabon. A ce titre, nous nous sommes constitués une banque de données qui agrège les différentes lois de finances et collectifs budgétaires du Gabon que nous proposons en libre téléchargement sur le lien suivant : http://www.mays-mouissi.com/telecharger-les-budgets-du-gabon/
Bien à vous.
MM