Afrique : Les perspectives économiques prometteuses de l’Afrique subsaharienne
Souvent présenté à tort comme le continent de la guerre et de la faim, longtemps délaissée par les investissements internationaux, l’Afrique semble vouloir prendre sa revenge. Au cours des 5 dernières années, en dépit d’un contexte international difficile, l’Afrique subsaharienne a enregistré un taux de croissance moyen de 5%. En 2013, la Banque mondiale estimait la richesse sous-régionale 1.61 billions $. Dans le même temps le taux d’achèvement des études primaires a atteint 70% contre seulement 62% en 2005.
Des performances économiques encourageantes
La vision qu’avaient les investisseurs vis-à-vis de l’Afrique commence à changer. Longtemps vu comme un « no man’s land » économique, l’Afrique subsaharienne est perçue de plus en plus comme une terre d’opportunités. Ainsi en 2013, le continent africain a attiré 57 milliards $ d’investissements directs étrangers (IDE) dont 39 milliards $ pour la seule Afrique subsaharienne. Il faut dire que les années 2000 ont été marquées par un tournant dans la stratégie économique de nombreux pays africains lesquels ont entrepris d’ouvrir leurs économies à de nouveaux partenaires, avec au premier rang la Chine.
De 10 milliards $ en 2000, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique a explosé pour atteindre le niveau record de 200 milliards en 2013. Une impressionnante progression de 1000% en seulement 13 ans qui devrait se poursuivre compte-tenu des perspectives de croissance du continent. Les flux financiers provenant des grands pays émergents comme la Chine ou le Brésil (dont le volume des échanges est estimé à 30 milliards $) ont notamment permis d’améliorer le niveau des infrastructures qui ont longtemps fait défaut à de nombreux pays subsahariens.
Au cours de la dernière décennie, plusieurs pays d’Afrique subsaharienne dont le modèle économique se concentrait autour de l’exploitation des ressources du secteur primaire ont intégré des stratégies industrielles et de diversification. Certains d’entre eux en tirent déjà profit à l’image de l’Ethiopie qui affiche un taux de croissance du PIB compris entre 8 et 10% depuis plus de 10 ans sans que cette croissance ne soit tirée par une industrie extractive.
Améliorer le commerce intra-africain
Les bons résultats économiques engrangés par le continent ont permis de progressivement constituer une classe moyenne dont les effets positifs sur la consommation commencent à être ressentis. Avec 936 millions d’habitants en 2013 dont désormais 37% de citadins, l’Afrique subsaharienne peut s’appuyer sur son marché intérieur pour accroitre encore plus sa croissance.
Si l’Afrique reçoit une part d’IDE qui ne cesse de s’accroitre au fil des ans, il faut cependant souligner la faiblesse des IDE intra-régionaux qui démontre que les pays africains n’échangent que très peu entre eux. Selon la Banque Africaine de développement (BAD)* sur un total de 4702 projets d’IDE en Afrique (pour la période cumulée allant de 2003 à 2010), seuls 570 (soit 12 %) constituent des projets d’IDE intra-régionaux. Cette faiblesse traduit aussi le potentiel qui existe dans le développement du commerce intra-africain.
En tout état de cause, il semble bien que l’heure du réveil africain a sonné.
Mays Mouissi
* Cf. La note d’information de la Banque africaine de développement sur l’intégration sous-régionale et les investissements étrangers intra SADC du 25 septembre 2013.