Délestages au pays de l’énergie – Le déficit de la production électrique au Gabon
Au Gabon plus de 350 000 personnes n’ont pas accès à l’électricité sur une population totale de 1.7 millions habitants. Les citoyens connectés au réseau d’électricité subissent des délestages récurrents. Avec une puissance électrique installée de seulement 500 MW, le Gabon ne produit pas suffisamment d’énergie pour accompagner ses ambitions économiques et pourtant son réseau hydraulique dense constitue un atout majeur.
Perte sur le réseau et faible production électrique
A Libreville la fréquence des coupures d’électricité est telle que les populations ont fini par s’y habituer. La SEEG*, concessionnaire du service public d’électricité, rationne l’alimentation des particuliers et des entreprises en raison d’une production électrique inférieure à la demande. Plusieurs entreprises ont été obligées d’acquérir des générateurs d’appoints pour empêcher que les coupures d’électricité n’entrainent une rupture d’activité. Un réel paradoxe dans un pays où le seul potentiel hydro-électrique est estimé à 6 000 MW soit 4 fois la puissance nette du réacteur nucléaire français Chooz-B-2 dans les Ardennes.
Les difficultés d’adduction en électricité au Gabon trouvent leur origine dans 2 types de problèmes : conjoncturels et structurels.
Au titre des problèmes conjoncturels on notera principalement les aléas liés à la pluviométrie susceptibles d’impacter la retenue d’eau et la puissance des barrages. Les problèmes structurels quant à eux procèdent des pertes observées sur le réseau du fait de la vétusté des installations d’une part et du faible niveau de production électrique d’autre part.
Concernant les pertes observées sur le réseau, le 10 juin 2014, le ministre gabonais de l’énergie informait la représentation nationale** que la perte des moyens de production thermique de la centrale d’Owendo s’élevait à 40 MW sur une capacité de production de 130 MW.
Des chantiers de l’énergie inachevés ou l’arrêt
Constatant les effets néfastes du faible niveau de production électrique sur l’activité économique du pays, les autorités ont envisagé la construction de 5 pôles de productions énergétiques supplémentaires :
– Le barrage de grand Poubara dans le Sud-Est du pays dont la première phase a été mise en production en septembre 2013 qui a permis d’injecter 160 MW supplémentaires dans le réseaux ;
– La centrale thermique d’Alenakiri dans la banlieue-sud de Libreville d’une capacité de 70 MW inaugurée en aout 2013 ;
– La centrale thermique de Port-Gentil, cité pétrolière à l’Ouest du pays, d’une capacité de 105 MW (inachevée) ;
– L’aménagement hydroélectrique sur les chutes de l’impératrice à Fougamou (Sud-Est du Gabon) d’une capacité annoncée de 86 MW (travaux à l’arrêt) ;
– L’aménagement hydroélectrique FE II sur l’Okano (Nord du Gabon) d’une capacité annoncée de 36 MW (travaux à l’arrêt).
L’achèvement et la mise en production de l’ensemble de ces unités de productions associées à la construction des réseaux de transports et de distributions mettraient un terme à la sous-production électrique dans le pays. Cependant, les 6 000 MW de potentiel hydroélectrique du Gabon inclinent à développer une stratégie régionale de production électrique. En effet un développement intégral de la ressource hydroélectrique permettrait de commercialiser l’excédent de production à des pays en déficit net comme le Nigéria et l’Angola.
La production électrique en quantité suffisante est un préalable indispensable au développemment industriel dans un pays. Avec la puissance électrique installée actuellement au Gabon, il n’est pas possible d’envisager l’installation des certaines industries pourtant nécessaires à la transformation des matières premières qui font la richesse du pays. Ce blocage a des conséquences à la fois économiques et sociales pour le Gabon.
Mays Mouissi
* La SEEG, société d’énergie et d’eau du Gabon est à l’origine une société publique privatisée en 1997 pendant la période des ajustements structurels imposés à de nombreux pays africains par le FMI et la Banque mondiale. La SEEG qui est détenue à 51% par le groupe français Véolia est concessionnaire exclusif des services de production, de transport et de distribution de l’électricité et de l’eau en République gabonaise (Cf. Décret N°628 du 18 juin 1997 portant désignation du Concessionnaire du service public de l’eau potable et de l’énergie électrique à la SEEG filiale de VEOLIA)
** Allocution prononcée par le ministre Etienne Dieudonnée Ngoubou en réponse à une question de la Député Charlotte Nkero Mougnoko sur les pénuries d’électricité lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale du Gabon le 10 juin 2014. Lire l’intégralité du discours
Très édifiant comme article. Fière de toi…