Finance : L’incroyable performance des marchés financiers africains
Dans l’indifférence presque générale, les principaux marchés financiers africains ont connu une petite révolution au cours des 3 dernières années*. La performance moyenne des principales places boursières du continent (hors Afrique du Sud) a atteint le niveau record de 76%. Une performance supérieure de plus de 20 points à celle de l’indice de référence de la bourse de New York et 30 points au-dessus du CAC 40 parisien.
Croissance rapide et grosses performances des bourses africaines
De façon rapide et assurée, les marchés financiers africains prennent de l’ampleur. L’analyse comparative que nous avons réalisée sur 10 places financières africaines couvrant 17 pays démontre une progression exponentielle des indices de référence entre février 2012 et février 2015. Sur cette période 4 des 10 indices analysés ont réalisé une performance supérieure à 100%. 4 autres affichent une performance supérieure à 50%.
Ainsi les 4 indices boursiers de référence les plus performants d’Afrique sont :
– Kenya – NSE All Shares Index – 144% de performance
– Ouganda – USE All Shares Index – 131% de performance
– Ghana – GSE composite Index – 114% de performance
– Tanzanie – DSE All Share Index – 106% de performance
Avec la Bourse régionale des valeurs mobilières de l’UEMOA, les bourses de l’Egypte, de la Zambie, du Nigéria et de la Tunisie dont les performances indicielles sont supérieures à 50%, on arrive à une performance moyenne de 76%. Face à un tel niveau de performance, les 43 et 54% de progression respectivement affichées par le CAC 40 et le S&P 500 américain sur la même période paraissent bien pâles.
Des bourses africaines boostées par l’investissement et la consommation
Dans l’ensemble les bourses africaines, souvent délaissées par les investisseurs internationaux, sont poussées par un mouvement de fond. En effet, au cours de la dernière décennie il s’est constitué un peu partout en Afrique une véritable classe moyenne qui ne cesse de se consolider au fil des ans. La consommation intérieure a été boostée et participe d’une certaine façon aux bons chiffres de la croissance du continent (estimée à 5%) depuis 5 ans. Par ailleurs bien qu’étant de natures diverses, on a noté un regain d’investissements sur le continent notamment dans les infrastructures. Sur la seule année 2013, l’Afrique a absorbé 57 milliards $ d’investissements directs étrangers (IDE) dont une part de plus en plus importante d’IDE intra-régionaux.
En dépit des belles performances de certaines places financières, il faut cependant souligner l’immobilisme observé dans d’autres régions (en Afrique centrale notamment) et les contre-performances d’autres places boursières à l’image de la bourse de Casablanca au Maroc.
En effet, l’espace de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) est privée d’un véritable marché financier car englué dans une lutte de leadership depuis 15 ans entre le Gabon et le Cameroun qui se battent pour accueillir le siège de la bourse régionale.
La Bourse de Casablanca quant à elle, longtemps classée 2e place financière du continent derrière Johannesburg Stock Exchange Ltd, voit depuis quelques années son volume d’échanges baisser progressivement et son influence diminuer.
En dépit de tout cela, il n’en demeure pas moins que les perspectives d’avenir du continent Africain, 3e marché du monde après la Chine et l’Inde, vont continuer de porter les marchés financiers qui connaitront certainement encore d’incroyables performances.
Mays Mouissi
* Période analysée : Du 28 février 2012 au 27 février 2015