Nigéria : Des actions importantes contre la corruption
Depuis son accession à la tête de l’Etat du Nigéria le 29 mai 2015, le Président Muhammadu Buhari est engagé dans la lutte contre la corruption qui fut l’un de ses principaux engagements de campagne avec la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram. Les actions menées par le nouveau chef de l’Etat semblent n’épargner personne : ministres, gouverneurs, banquiers et chefs d’entreprises sont tour à tour entendus par la justice et/ou inculpés pour des faits de corruption. Des contrats d’Etats sont réexaminés et des fonds placés illégalement à l’étranger commencent à être récupérés.
150 milliards USD de capitaux illicites logés dans des banques étrangères
Classé 136e sur 168 pays à l’indice de perception de la corruption 2015 de Transparency international, le Nigéria est connu pour être l’un des pays les plus corrompu de la planète. Le gouvernement nigérian estime à plus de 150 milliards USD (87 329 milliards FCFA) le montant des avoirs nigérians illicites détenus dans des banques étrangères. Pour faire face à ce fléau, la nouvelle administration du pays conduite par Muhammadu Buhari a engagé une série d’actions. A peine élu, le nouveau Président et son vice-président ont divisé par 2 leurs salaires et publiés leur patrimoine. Le patron de l’agence fédérale (EFCC) traquant les crimes économiques et financiers a été limogé et remplacé dans la foulée.
Dans le secteur bancaire six cadres supérieurs de la Banque centrale du Nigeria (Central Bank of Nigeria, CBN) ainsi que 16 employés de banques privées ont été arrêtés en juin 2015. La Commission contre les délits économiques et financiers (EFCC) leur reprochait d’avoir conservé par devers eux plusieurs billets de banques représentant des milliards de nairas (la monnaie locale) dont ils devaient assurer la destruction.
Dans le secteur pétrolier, le Président Buhari a dans un premier temps, en mai 2015, commandité un vaste audit des comptes et du personnel la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), la puissante compagnie pétrolière nationale souvent présentée comme un maillon important de la corruption dans le pays. 3 mois plus tard, l’ensemble du Conseil d’administration de la NNPC a été limogé. Un nouveau directeur, Emmanuel Kachikwu, ayant fait ses classes chez l’américaine Exxon Mobil, diplômé d’Harvard et réputé pour sa probité a été désigné.
En aout 2015, la nouvelle direction de la NNPC a annoncé sa décision de réviser tous les accords et contrats de partage de production pétrolière et gazière conclus par la compagnie afin de tenir compte de la réalité des marchés. Un plan de restructuration de la compagnie fut également annoncé.
Non satisfait de ces évolutions, le Président Buhari décida en novembre 2015 d’assurer lui-même la gestion du ministère du pétrole. En mars 2016, les autorités annoncèrent l’éclatement de la NNPC en une trentaine de compagnies à l’image de ce que firent les américains en 1911 avec la puissante compagnie pétrolière Standard Oil qui fut démantelée en 34 sociétés indépendantes.
De nombreuses personnalités arrêtées
Toujours dans la lutte contre la corruption, un audit de différents contrats a été initié par le gouvernement. En novembre 2015, il déclarait que parmi les 513 contrats étudiés, 53 se sont révélés « frauduleux ». Un ancien colonel, ex Conseiller pour la sécurité nationale (NSA Adviser) a été arrêté. La Présidence du Nigéria lui reproche d’avoir « conclu des contrats fictifs et fantômes » pour 2 milliards USD (1 164 milliards FCFA) pour l’achat d’équipements militaires que l’armée n’aurait jamais reçu malgré le paiement effectué par l’Etat.
Une autre personnalité, Attahiru Bafawara, ancien gouverneur de l’Etat de Sokoto, fut arrêtée pour répondre aux questions de l’EFCC dans le cadre d’une affaire de fausses factures d’achats d’équipements militaires.
Plus récemment, en janvier 2016, le gouvernement annonçait que 55 personnes, dont une vingtaine d’anciens gouverneurs d’États de la fédération nigériane et de ministres, étaient soupçonnées d’avoir détourné 6,72 milliards USD (3 912 milliards FCFA) de fonds publics entre 2006 et 2013. Moins de 2 mois plus tard, 300 sociétés et personnalités ont été inculpées pour corruption liée à des contrats passés entre 2011 et 2015.
Le combat du gouvernement du Nigéria contre la corruption s’étend au-delà de ses frontières nationales. Ainsi en janvier 2016, un accord sur le rapatriement des fonds détournés et l’extradition des fonctionnaires corrompus fut-il signé avec les Émirats Arabes Unis (EAU). Cet accord a permis au Nigéria de récupérer 200 millions USD (116 milliards FCFA) logés dans des comptes à Dubaï. Le montant est certes faibles comparé aux dizaines de milliards USD volés au Nigeria qu’on dit être caché à Dubaï mais le symbole est fort.
Mays Mouissi
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