L’Afrique face à la crise financière chinoise
Baisse des exportations, faiblesse de la demande intérieure, dévaluation du Yuan et recul de l’indice Shanghai composite* de plus de 30% en un mois, la Chine fait face à une importante crise. Sur le continent africain où la Chine est devenue omniprésente, sa méforme économique inquiète. Quels impacts de la crise chinoise sur les économies de pays d’Afrique ?
La Chine, premier partenaire économique du continent
Depuis 2009, la Chine est le premier partenaire commercial du continent africain. Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont représenté 222 milliards USD en 2014 (contre 200 milliards l’année précédente)** et pourraient doubler d’ici à 2020. Une comparaison avec le volume des échanges entre l’Afrique et les pays occidentaux permet de mesurer l’avance prise par la Chine. Le volume des échanges Union-Européenne – Afrique n’atteint pas 200 milliards USD tandis que le commerce Etats-Unis – Afrique stagne à 110 milliards USD.
Même s’il faut noter que l’Afrique du Sud et l’Angola concentrent à eux seuls près de la moitié des échanges africains avec la Chine, il n’en demeure pas moins que la Chine est omniprésente dans une cinquantaine de pays du continent. On les retrouve aussi bien dans le BTP, dans les mines ou dans l’import-export.
La Chine est ainsi présente dans 1 046 projets sur le continent et ses entreprises construisent actuellement 2 233 Km de chemin de fer et 3 530 Km de routes. Dans la plupart des cas, les projets dont la réalisation est confiée par les pays africains à des compagnies chinoises bénéficient d’un financement intégral ou partiel des banques de l’empire du milieu, notamment de la puissante Exim Bank. Les difficultés économiques de la Chine si elles devaient perdurer font cependant craindre des tensions sur les projets africains auxquels elle participe.
Vers une dépréciation de certaines monnaies africaines
Les matières premières représentent encore 80% des exportations africaines vers la Chine. La demande chinoise a contribuée à la bonne tenue des cours des matières premières observées ces dernières années. La panne de croissance de la Chine, n’est pas étrangère à la baisse des cours des matières premières et pourrait même l’amplifier, une situation qui ne serait pas sans conséquence pour les économies africaines qui tirent l’essentiel de leurs revenus de la vente des matières premières.
La dévaluation de la monnaie chinoise quant à elle impactera le volume des réserves de change des pays africains qui ont adopté le Yuan comme monnaie de réserves et de règlement. C’est le cas notamment de l’Afrique du Sud, du Ghana, de Maurice, du Nigeria, de la Zambie et du Zimbabwe. Ces pays voient déjà s’amoindrir leur réserves extérieures à mesure que la monnaie chinoise se déprécient. Il faudra dès lors s’attendre à une dépréciation des devises de ces pays.
Mays Mouissi
* Les indices Shangai stock exhange composite (SSE composite) sont les indices de référence du marché boursier chinois. Il s’agit de deux indices, SSE 50 et SSE 180 qui regroupent respectivement les 50 et 180 plus grandes entreprises chinoises.
* * Source : Données de la Chambre chinoise de commerce international
La Chine a su, il me semble, transformer certaines contraintes en opportunités. En effet, face à l’augmentation sensible des salaires depuis quelques, années; elle a incité les masses populaires à investir via la bourse. Le problème est que nos amis chinois ont voulu en même temps s’absoudre des règles de base d’une bourse…
Néanmoins, le pli est pris dont devrait s’inspirer nombre de nos pays et aussi des conditions de viabilité d’une entreprise. En effet, les statistiques nous apprennent qu’une entreprise, pour ne pas être trop dans le rouge, ne doit pas avoir plus de 13% de son CA provenant d’un seul client. Plus on s’éloigne de ce chiffre, plus les risques sont grands…